Les économistes tablent en moyenne sur une croissance plate pour le quatrième trimestre, mais décrivent surtout une économie à bout de souffle et au bord de la récession.
Le PIB a reculé de 0,1% entre juillet et septembre, alors qu'une première estimation le donnait inchangé, a indiqué l'Office national des statistiques (ONS). Au deuxième trimestre, l'ONS enregistre désormais une économie sans croissance, contre une première estimation d'une activité en hausse de 0,2%.
Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l'ONS, estime toutefois que «le paysage plus large que cela dépeint est celui d'une économie qui n'a pas beaucoup évolué depuis un an».
Celle-ci est peut-être partie pour «la récession la plus douce», spécule Ashley Webb, de Capital Economics, d'autant que le PIB britannique s'est inscrit en repli de 0,3% en octobre, premier mois du dernier trimestre de l'année.
«Le plus important, c'est que nous projetons une croissance réelle (hors inflation, NDLR) toujours très maigre en 2024», a souligné cet économiste.
M. Webb table sur une nouvelle contraction minime de l'économie au quatrième trimestre puis au 1er trimestre 2024 avant un rebond, alors que Samuel Tombs, économiste de Pantheon Macro, anticipe une croissance nulle au 4T, avant une nette reprise en 2024.
Mais le risque de récession est bien là: «la croissance s'étiole, les taux d'intérêt commencent vraiment à faire mal, et si une récession a tout juste été évitée jusqu'à présent, il n'y a aucune garantie qu'elle le soit en 2024», a averti Richard Carter, directeur de la recherche sur l'obligataire chez Quilter Cheviot.
Morsure des taux
En prenant en compte la nouvelle évaluation de la croissance au deuxième trimestre, M. Webb remarque que le Royaume-Uni, qui pensait avant cette révision avoir doublé la France en termes de croissance depuis la pandémie parmi les pays du G7, se retrouve désormais derrière les sept pays à l'exception de l'Allemagne.
D'après cet économiste, «la morsure des taux d'intérêt plus élevés commence à se faire sentir sur les ménages» et se traduit par une érosion des dépenses de consommation, ce qui devrait s'accentuer d'après lui sur la fin 2023 et début 2024.
Petite lueur: les ventes au détail ont augmenté de 1,3% sur un mois en novembre, bien meilleures qu'attendu, les Britanniques ayant plébiscité les promotions du Black Friday.
Dans ses dernières prévisions, la Banque d'Angleterre mise néanmoins sur un PIB inchangé pour le dernier trimestre de cette année et «dans les trimestres à venir».
Sachant l'économie au coeur des préoccupations des Britanniques avant une année électorale clé, le ministre des Finances Jeremy Hunt s'est montré tempéré vendredi. «Les perspectives à moyen terme pour l'économie britannique sont bien plus optimistes que les chiffres (publiés vendredi) ne le suggèrent. Nous avons vu l'inflation chuter cette semaine», a-t-il estimé.
La hausse des prix a, en effet, fortement ralenti au Royaume-Uni en novembre, à 3,9% sur un an, au plus bas en deux ans, mais reste très au-dessus de la cible de la Banque d'Angleterre qui a dit vouloir maintenir des taux d'intérêt élevés (5,25% actuellement) pendant une période prolongée.
Le Premier ministre conservateur, Rishi Sunak, ancien banquier d'affaires et ex-ministre des Finances, avait promis en début d'année de «faire croître l'économie». L'opposition travailliste n'a pas manqué vendredi de l'épingler sur cette promesse qui pourrait ne pas être tenue.
Son héritage sera «un échec», a assuré la principale responsable économique du parti travailliste, Rachel Reeves.