«Les entreprises pétrolières semblent ignorer les risques liés au changement climatique et ne prévoient pas de réduire leur production de pétrole et de gaz à court, voire moyen terme», peut-on lire dans le rapport du groupe de recherche publié vendredi et destiné aux investisseurs.
Les volumes de production d'hydrocarbures (en barils équivalent pétrole) de 150 entreprises du secteur analysées par les experts de Carbon4 Finance ont augmenté de 31% en moyenne entre 2016 et 2021. La hausse est principalement portée par l'Amérique du Nord (+66%) et le boom du pétrole et gaz de schiste aux Etats-Unis.
Le rapport rappelle les injonctions pesant sur le secteur, un mois après l'accord de la COP28 à Dubaï, qui a entériné pour la première fois le principe de «transitionner hors» des hydrocarbures, tout en reconnaissant le rôle du gaz, moins émetteur que le pétrole, comme énergie de transition.
«Profitabilité»
A partir de données de référence de 2021 communiquées en 2022 par les entreprises, les experts ont analysé la contribution à l'économie bas carbone de 150 grandes compagnies pétro-gazières privées (de l'exploration à la vente) en Europe, Asie et en Amérique du Nord, représentant 86% de la capitalisation boursière du secteur.
Le classement des entreprises selon leurs efforts de décarbonation montre qu'une «écrasante majorité [...] n'a pas entamé de transformation sérieuse, à même de réduire drastiquement les émissions issues de la combustion des produits fossiles», principales causes avec le charbon du réchauffement climatique.
Ces entreprises continuent d'ailleurs «d'allouer très majoritairement leurs capacités d'investissement dans l'exploration et l'exploitation de nouveaux gisements, au détriment des énergies bas carbone», ajoute Carbon4 Finance.
Carbone4 Finance impute le «manque d'ambition» du secteur à la «profitabilité des hydrocarbures», dont le taux de rendement interne des capitaux investis «se situe autour des 20%, contre 5-6% pour les énergies renouvelables».