Le FMI s'attend désormais à une croissance mondiale de 3,1% pour 2024, contre 2,9% lors de son estimation précédente en octobre, et à une croissance très légèrement accélérée à 3,2% en 2025, sans changement cette fois par rapport à l'estimation précédente. Si l'économie mondiale semble partie pour réaliser une meilleure année 2024 qu'envisagé initialement, la croissance devrait rester sensiblement inférieure à la tendance historique observée entre 2000 et 2019, de 3,8% en moyenne.
«Nous avons eu à la fois moins d'inflation et plus de croissance. Cela montre que la politique monétaire menée a fonctionné, mais aussi d'autres facteurs, tels que la solidité du marché du travail, la détente observée sur les chaînes d'approvisionnement ou encore la baisse des prix de l'énergie et des matières premières», a souligné le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d'une conférence de presse en ligne.
Toutefois, les taux des banques centrales, qui sont toujours élevés afin de lutter contre l'inflation, viennent peser sur l'économie. Et les politiques budgétaires de soutien mises en place durant la pandémie de Covid-19 puis le pic d'inflation, en particulier sur l'énergie, disparaissent peu à peu dans tous les pays. La lutte contre l'inflation semble néanmoins porter ses fruits dans les pays les plus riches: cette dernière devrait revenir à 2,6% cette année, soit 0,4 point de pourcentage de moins que l'estimation d'octobre, avant de rejoindre la cible de 2% en 2025.
Mais la situation devrait être différente dans le reste du monde, où l'inflation ralentit moins vite, et même plus lentement qu'attendu il y a trois mois, pour rester à 8,1% cette année, soit 0,3 point de pourcentage plus haut qu'espéré en octobre. Cette hausse s'explique cependant en premier lieu par l'envolée de l'inflation en Argentine, qui est attendue au-delà de 100% cette année.
Disparité entre économies
Mais la lutte contre l'inflation ne pèse pas de la même manière d'un pays à l'autre. Les Etats-Unis devraient ainsi, une nouvelle fois, connaître en 2024 une croissance supérieure à 2% (2,1%), une donnée importante pour le président sortant Joe Biden, en pleine année électorale et alors que l'économie sera un des thèmes majeurs de la campagne.
La première puissance mondiale, longtemps attendue en récession, a finalement terminé l'année en force, avec une croissance de 2,5%. A l'inverse, la zone euro ne devrait pas dépasser le 1% (0,9%) de croissance, une nouvelle fois plombée par l'Allemagne, dont l'économie va continuer à tourner au ralenti (0,5% attendu), avec une correction assez importante par rapport à la dernière estimation (-0,4 point de pourcentage).
«Il faut se souvenir de l'ampleur du choc subit par plusieurs pays européens depuis 2022. Le choc énergétique, en particulier en Allemagne a été très important (...) Néanmoins l'économie allemande a montré un degré incroyable de résilience. Elle fait pire que certains pays, comme les Etats-Unis mais la nature du choc était bien différente», a détaillé M. Gourinchas.
Si l'Italie devrait faire à peine mieux que l'Allemagne (0,7% en 2024), la France et surtout l'Espagne peuvent espérer mieux, respectivement 1% et 1,5% de croissance pour l'année en cours, alors que, hors Union européenne, le Royaume-Uni devrait rester à la peine (0,6%).
Du côté des pays émergents, les précisions de croissance de l'économie chinoise s'améliorent (4,6% contre 4,2% attendu initialement) malgré un climat économique qui reste compliqué, alors que pointe un risque persistant de déflation dans le pays.
«La révision concernant la Chine n'a pas été aussi importante que nous l'envisagions, du fait des difficultés du secteur immobilier et malgré le soutien budgétaire significatif de la part des autorités», a souligné le chef économiste du FMI.
L'Inde devrait de son côté continuer à connaître une croissance supérieure à 6% (à 6,5%), alors que les principales économies d'Amérique latine profitent d'une demande intérieure plus forte qu'anticipée qui leur permettent d'espérer de bonnes performances.
Seule exception, l'Argentine, qui voit ses prévisions être largement révisées (-5,6 points de pourcentage) et est désormais attendue en récession (-2,8%) cette année, alors que les prévisions d'octobre anticipaient une croissance de 2,8%
La Russie est de son côté, comme en 2023, le pays voyant ses prévisions s'améliorer le plus fortement, avec une correction de +1,5 point de pourcentage par rapport à octobre, et une croissance attendue à 2,6%, toujours soutenue par le volume de dépenses publiques, notamment militaires.