Debout devant les victimes des dérives des plateformes numériques et leurs familles amassées dans une salle du Congrès des Etats-Unis, le patron de Meta a reconnu que «personne ne devrait vivre les choses que vos familles ont subies».

Ce sujet met d'accord les élus politiques des deux bords et de nombreuses associations qui accusent les réseaux sociaux de ne pas suffisamment protéger les plus jeunes, notamment contre les risques d'exploitation sexuelle ou de suicide.

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«Du sang sur les mains»

Les dirigeants des grands réseaux sociaux Mark Zuckerberg (Meta), Linda Yaccarino (X, anciennement Twitter), Shou Zi Chew (TikTok), Evan Spiegel (Snap) et Jason Citron (Discord) ont donc fait face à un torrent de colère.

«M. Zuckerberg, vous et les entreprises qui sont devant nous, je sais que vous ne le pensez pas, mais vous avez du sang sur les mains. Vous avez un produit qui tue des gens», a déclaré le sénateur républicain Lindsey Graham.

Mark Zuckerberg s'est étendu sur les nombreuses mesures prises par son groupe pour protéger les plus jeunes. Il a rappelé avoir investi plus de 20 milliards de dollars dans la sécurité depuis 2016 et employé 40'000 personnes dédiées à la modération et la sécurité sur les plateformes.

«Nous travaillons dur pour fournir aux parents et aux adolescents le soutien et les outils nécessaires pour réduire les risques», a-t-il assuré lors de son discours d'ouverture. «Garantir la sécurité des jeunes en ligne est un défi depuis l'apparition de l'internet et comme les criminels font évoluer leurs tactiques, nous devons aussi faire évoluer nos défenses», a-t-il ajouté.

«Hypocrisie»

«En tant que père de trois jeunes enfants, je sais que les questions abordées aujourd'hui sont horribles et alimentent les cauchemars de tous les parents», a déclaré M. Chew, le responsable de TikTok. «J'ai l'intention d'investir plus de 2 milliards de dollars dans la sécurité. Rien que cette année, nous avons 40'000 professionnels qui travaillent sur ce sujet».

X va de son côté créer une nouvelle antenne dédiée à la modération de la plateforme, qui va recruter une centaine de personnes pour lutter avant tout contre ce fléau, d'après un communiqué publié vendredi.

«X n'est pas la plateforme de choix des enfants et adolescents», a rappelé Linda Yaccarino. «Les enfants de moins de 13 ans ne peuvent pas ouvrir de compte et moins de 1% des utilisateurs américains ont entre 13 et 17 ans. Pour eux, les paramètres sont privés par défaut et ils ne peuvent pas permettre d'être contacté par n'importe qui».

Quant à Facebook, les sénateurs ont fait référence à des documents internes au géant des réseaux sociaux qui prouvent que M. Zuckerberg a refusé de renforcer les équipes chargées de débusquer les risques pour les adolescents. «Le niveau d'hypocrisie est ahurissant», a jugé le sénateur démocrate Richard Blumenthal.

Nouvelles lois

Ces documents font partie du dossier de plainte déposé par une quarantaine d'Etats américains fin octobre. Ils estiment que Meta nuit à la «santé mentale et physique de la jeunesse», évoquant les risques d'addiction, de cyber-harcèlement ou de troubles de l'alimentation.

En vertu de la législation américaine, les plateformes numériques sont largement protégées de toute responsabilité juridique en ce qui concerne les contenus partagés sur leur site.

De nombreux élus souhaitent mettre en place davantage de règles pour mieux les encadrer, mais de nouvelles lois ont été bloquées par un Congrès très divisé sur les solutions et le lobbying intense des grandes entreprises technologiques.

L'une des propositions de loi existantes est le Kids Online Safety Act (KOSA), qui vise à protéger les enfants des algorithmes susceptibles de déclencher l'anxiété ou la dépression.

Une autre idée consisterait à exiger des plateformes de médias sociaux qu'elles vérifient l'âge des membres des réseaux et qu'elles interdisent complètement l'accès aux enfants de moins de 13 ans.

«Je ne pense pas que vous allez résoudre le problème. Le Congrès devra vous aider», a déclaré le sénateur John Neely Kennedy aux dirigeants.