Se félicitant de la récente mobilisation de «centaines de milliers de citoyens» contre les extrémistes et le racisme - après la divulgation en janvier de cette réunion -, la ministre de l'Intérieur, Nancy Faeser, a détaillé treize mesures pour lutter contre ce qu'elle considère être «la plus grande menace pour l'ordre démocratique».
«Nous voulons détruire ces réseaux d'extrême droite. Nous voulons les priver de leurs revenus, nous voulons leur retirer leurs armes», a déclaré Mme Faeser, lors d'une conférence de presse à Berlin.
Fermer les comptes en banque
Elle veut notamment étendre les compétences de l'Office fédéral de protection de la Constitution - les renseignements intérieurs allemands, ndlr - pour qu'il lutte plus facilement contre les sources de financement des réseaux d'extrême droite.
Grâce à une modification de la législation sur les services secrets, il devrait être possible de fermer des comptes en banque, rien qu'en invoquant la possibilité d'une «menace potentielle» à l'ordre public. Pour le moment, les enquêteurs n'ont ce pouvoir que si des organisations ou des réseaux incitent à la haine ou à la violence.
Interrogée sur le calendrier de la mise en oeuvre d'une telle mesure, Mme Faeser a affirmé: «le plus rapidement possible».
Retrait de l'autorisation de port d'armes
La ministre veut également «désarmer» les extrémistes de droite. Le fait d'être membre d'une organisation considérée comme suspecte par les renseignements intérieurs peut ainsi conduire au retrait de l'autorisation de port d'armes.
Les armes semi-automatiques similaires aux armes de guerre doivent être interdites et les arbalètes seront également soumises à autorisation.
Interdire les réunions
Les renseignements intérieurs devront également partager davantage leurs informations sur les extrémistes de droite, avec les autorités locales de police et d'inspection du travail. Une décision qui devrait permettre d'interdire plus systématiquement les réunions d'extrême droite, particulièrement celles qui se font de manière clandestine.
Mme Faeser tient également à empêcher la venue en Allemagne d'extrémistes en provenance de l'étranger.
Ces deux dernières mesures sont à interpréter comme une réaction directe à la réunion clandestine à Potsdam, près de Berlin, en novembre dernier, où des membres du parti d'extrême droite AfD avaient débattu des plans d'un extrémiste autrichien prônant une «remigration» - un projet d'expulsion massive de personnes étrangères ou d'origine étrangère -, ce qui a déclenché une onde de choc dans le pays.