«Nous pensons que le moment est venu pour nous d'utiliser ce qu'offrent les autres plateformes pour faire croître nos franchises», c'est-à-dire des jeux vidéo développés exclusivement pour Xbox au départ, a expliqué le patron de Xbox Phil Spencer lors d'une présentation en ligne.
«J'ai la conviction profonde que d'ici cinq à dix ans, les jeux exclusifs à un support représenteront une part de plus en plus réduite de l'industrie», a-t-il ajouté.
Mais Xbox démarre prudemment, puisqu'il ne va rendre accessibles à la concurrence que quatre de ses jeux dans un premier temps.
«Nous ne promettons rien au-delà de ces quatre jeux», a prévenu M. Spencer. «Donc si vous êtes sur une autre plateforme et que vous les voyez arriver, ne le prenez pas comme un signal que tous les autres vont suivre».
Selon le site d'information The Verge, spécialisé dans la tech, il s'agirait des jeux Xbox «Hi-Fi Rush», «Pentiment», «Sea of Thieves» et «Grounded». Or, aucun d'entre eux n'est un blockbuster.
Une annonce en deçà des attentes
Ce qui provoquait une certaine déception dans la communauté mondiale des «gamers», comme beaucoup avaient espéré que Xbox ouvre en grand son catalogue d'exclusivités, qui comprend de gros succès comme «Halo», «Indiana Jones» et «Starfield».
«Pourquoi Xbox a-t-il attendu une semaine et laissé toute sa communauté au bord du craquage, si la seule chose qui valait la peine d'être signalée était que quatre petits titres allaient devenir multiplateformes?», a ainsi réagi un membre d'un forum sur Reddit consacré au podcast de M. Spencer.
«C'est un changement majeur», a toutefois assuré un autre membre du forum, estimant qu'il ne s'agissait que d'un début.
L'annonce intervient alors que la Xbox souffre toujours de la concurrence avec la console PlayStation 5 (PS5) de Sony. Selon le cabinet Ampere, les ventes de la console de Microsoft ont baissé de 15% l'an dernier, quand celles de PS5 ont bondi de 65%, Sony écoulant le triple des volumes de son concurrent.
Au-delà des consoles, Microsoft compte sur l'achat de jeux et d'actualisations en ligne pour dynamiser son activité dans le secteur. Le groupe de Redmond (Etat du Washington) a indiqué jeudi qu'il comptait désormais 34 millions d'abonnés à sa plateforme de jeux en ligne Game Pass.
Cela représente une progression de 36% par rapport au chiffre annoncé par Microsoft il y a deux ans.
Le groupe américain veut aussi doper ses ventes dans le jeu vidéo après la finalisation en octobre dernier de son rachat géant (69 milliards de dollars) de l'éditeur de jeux Activision Blizzard, qui a dans son portefeuille plusieurs immenses succès multiplateformes, comme «Call of Duty» et «Candy Crush».
Sony et Nintendo n'ont pas la même pression
«Le développement des jeux vidéo coûte de plus en plus cher, donc si vous les rendez accessibles à davantage de plateformes vous augmentez leur rentabilité», rappelle à l'AFP Serkan Toto, patron du cabinet d'études spécialisé Kantan Games au Japon.
Après son coûteux rachat d'Activision, Xbox est «sous pression» pour trouver de nouveaux moyens d'accélérer ses ventes, souligne encore cet expert qui, au-delà du «ballon d'essai» annoncé jeudi, s'attend à voir «beaucoup plus de jeux Xbox sur d'autres plateformes à l'avenir».
Ses grands rivaux Sony et Nintendo pourraient-ils être tentés d'en faire autant? Rien n'est moins sûr, selon M. Toto.
Même si les ventes de la PlayStation 5 commencent à s'essouffler, «je ne pense pas que Sony soit sous pression pour apporter ses jeux exclusifs à Microsoft», estime-t-il.
D'autant que d'une certaine manière, Sony est déjà dans un modèle multiplateformes: plusieurs de ses titres sont jouables sur PC et le groupe veut étendre son offre dans ce segment.
De son côté, Nintendo «ne renoncera jamais à ses jeux exclusifs» car ils sont «absolument essentiels» pour son identité, souligne M. Toto. «Donc vous pouvez oublier l'idée de voir un jour des jeux Mario ou Pokémon sur PC ou PlayStation, par exemple».