Sur fond d'industrie grippée et de construction en berne, le produit intérieur brut (PIB) allemand devrait «à nouveau légèrement diminuer au premier trimestre 2024», après son recul de 0,3% lors du dernier trimestre de 2023, écrit la Bundesbank dans son bulletin mensuel.
Cette deuxième baisse consécutive plongerait l'économie dans une récession technique.
Les commandes dans l'industrie et le bâtiment sont en baisse, explique l'institution, en raison de forts coûts de financement et d'une faible demande.
Des grèves dans les chemins de fer et le transport marquent en outre le début d'année et leurs effets sur l'activité globale «ne peuvent être exclus», ajoute-t-elle.
Enfin, l'incertitude forte liée aux tensions géopolitiques et aux querelles sans fin de la coalition au pouvoir- complexe alliance entre écologistes, libéraux et socio-démocrates- fait que les consommateurs «resteront probablement prudents dans leurs dépenses».
Les coûts de financement, plombés notamment par les taux d'intérêt élevés, pourraient eux «limiter l'investissement».
Tout ceci montre, selon la Bundesbank, que la période de faiblesse de l'économie allemande, frappée par la guerre russe en Ukraine depuis bientôt deux ans, se poursuit.
Depuis le début du conflit, l'industrie, pilier du modèle allemand, est plombée par des coûts de l'énergie trop élevés par rapport à ses concurrents en raison de la fin des livraisons de gaz russe bon marché.
Mais la «Buba» ne voit pas de «preuve d'une récession au sens d'une baisse persistante, généralisée et nette de l'activité économique», et un tel scénario «n'est pas actuellement envisagé», conclut l'institution.
Le rebond économique pourrait provenir des ménages compte tenu de la résistance du marché du travail, de la forte hausse des salaires sans que cela n'empêche le recul de l'inflation.
Le ministre allemand de l'Economie Robert Habeck présentera mercredi une nouvelle prévision de croissance du gouvernement pour 2024. L'activité pourrait reculer de 0,2%, selon la presse, ce qui corrigerait nettement à la baisse la prévision actuelle de 1,3%.
Dans ce contexte, la prévision de la BCE en décembre d'une croissance de 0,8% de la zone euro cette année, avec une amélioration progressive de l'activité au cours des trimestres, paraît déjà «optimiste», notent les économistes d'Oddo.