Une équipe de l'Université et hôpital universitaire de Lausanne (UNIL/CHUV) ainsi que des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) a évalué des données recueillies entre 2005 et 2019 via le Bus Santé à Genève, qui vise à mieux identifier les facteurs de risque de maladies non-transmissibles.

Les participants, un millier d'adultes par année, représentatifs de la population et âgés de 35 à 74 ans, sont tirés au sort et invités à un examen médical. Les scientifiques ont ainsi pu étudier les données de plus de 12'000 personnes et comparer l'évolution dans le diagnostic et la gestion du diabète sur les périodes 2005-2009, 2010-2014 et 2015-2019.

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Résultats: sur l'ensemble de la période, la prévalence générale de la maladie ainsi que la fréquence des cas non diagnostiqués ont légèrement diminué, de 8,7% à 6,2% et de 7% à 5,2% respectivement. Interrogé par Keystone-ATS, l'épidémiologiste Pedro Marques-Vidal (CHUV/UNIL) précise toutefois que les personnes ayant le diabète sont peu enclines à se rendre au Bus Santé.

«Les diabétiques ont tendance à ne pas accepter les invitations à un examen médical», ajoute le spécialiste, co-auteur de cette recherche avec Ariane Pauli (UNIL) et Carlos de Mestral (HUG). Cela expliquerait cette relative baisse, alors que de manière générale, la tendance est plutôt à une légère hausse, selon d'autres études au niveau national.

Traitement et contrôle à améliorer

Concernant la proportion de personnes traitées, stable, elle dépasse à peine 50%, soit une part «relativement basse», selon ces travaux publiés dans la revue Scientific Reports.

Quant aux personnes dont le diabète est contrôlé, c'est-à-dire dont le taux de sucre sanguin est dans la norme, la proportion est d'un tiers (34%), stable également sur la période considérée. «Nous sommes un peu déçus parce que c'est assez bas», commente le Pr Marques-Vidal.

De manière générale, les femmes diabétiques avaient moins de probabilité d'être traitées, mais leur glycémie était mieux contrôlée. «Dès qu'elles sont traitées, les femmes se prennent mieux en charge et suivent mieux les traitements», note Pedro Marques-Vidal.

«Le médicament ne fait pas tout»

Chez les personnes obèses, c'est l'inverse qui a été constaté, avec plus de traitements mais un moins bon contrôle de la glycémie. Selon le professeur lausannois, ces résultats sont en phase avec d'autres études effectuées dans des pays à haut revenu.

Au niveau du traitement et du contrôle de la maladie, il y a des progrès à faire, selon les auteurs. «Le médicament ne fait pas tout, il faut aussi changer ses habitudes nutritionnelles et faire du mouvement», souligne le Pr Marques-Vidal. Or une consultation diététique ad hoc dure 40 minutes. «Les médecins ne sont pas formés et n'ont pas le temps» pour une telle prise en charge, dit-il.

Il y a donc ici du potentiel d'amélioration, tout comme dans le suivi des malades. L'observance médicamenteuse laisse en effet à désirer, avec un «jeu du chat et de la souris» chez certains patients qui prennent leurs médicaments juste avant d'aller chez le médecin et sont moins regardants le reste du temps.