L'équipe d'Olaf Blanke, directeur du Laboratoire de neuroscience cognitive à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), s'est penchée sur les hallucinations dites «de présence», soit le sentiment d’une présence invisible alors même qu’il n’y a personne.
Ces hallucinations sont considérées comme mineures en regard des hallucinations visuelles, mais elles sont connues comme un marqueur précoce du déclin cognitif. Les malades de Parkinson peuvent en être sujets très tôt, parfois même avant le diagnostic.
Les scientifiques ont testé l’hypothèse selon laquelle les hallucinations de présence induisent un surcomptage des personnes, dans une pièce par exemple. Pour ce faire, ils ont conjugué des technologies issues de la réalité virtuelle et de la robotique, une combinaison qu’ils appellent «technodélique».
Ils ont montré aux participants des scènes virtuelles en 3D comprenant cinq, six, sept ou huit personnes dans une pièce vide, pendant une fraction de seconde (200 millisecondes), soit un intervalle de temps trop court pour que l’on puisse les compter une par une. Par ailleurs, un doigt robotique tapote le dos du sujet. Résultat: même les sujets sains, soumis aux technodéliques, effectuent des surcomptages.
«Notre environnement technodélique a pour avantage de permettre une mesure objective des hallucinations, lesquelles sont typiquement des états subjectifs», explique Louis Albert, premier auteur de l’étude, cité dans le communiqué.
Test en ligne
La plateforme permet ainsi de déterminer la susceptibilité aux hallucinations de manière presque automatisée, contrairement aux méthodes actuelles qui reposent soit sur de simples questions, des questionnaires ou d’autres approches impliquant l’analyse subjective d’un expert médical.
Les scientifiques ont également mis au point une version simplifiée de leur expérience de comptage. On peut s’y prêter au laboratoire, mais aussi en ligne et en toute discrétion, sans qu’il y ait besoin de formation supplémentaire pour le personnel médical. Les patients peuvent ainsi effectuer le test de manière autonome, à la maison, depuis leur ordinateur ou leur tablette.
Cela permet de toucher une vaste population pour un coût minimal, selon ces travaux publiés dans la revue Nature Communications. Quelque 170 patients atteints de Parkinson ont participé à l’étude en ligne, dont 69 étaient affectés par des hallucinations de présence.
Avec cette version en ligne, les scientifiques ont observé que les patients qui éprouvent des hallucinations de présence surestiment plus que les autres le nombre de personnes. Certains sujets déclaraient avoir vu 11 personnes, voire plus, alors que seuls huit individus leur étaient présentés.
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