Interrogé par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'attribution des fréquences de la TNT, M. Bolloré s'exprimait deux semaines après une intense polémique au sujet de l'avortement provoquée par une émission religieuse catholique de la chaîne CNews, qui est dans son giron.
«Se heurtent dans cette affaire deux libertés», «la liberté des gens à disposer d'eux-mêmes et la liberté des enfants à vivre», a expliqué l'homme d'affaires qui contrôle Vivendi, maison-mère du groupe Canal+, auquel appartient CNews.
«Il y a pas mal d'années, la femme avec qui j'étais a appris qu'elle était enceinte alors qu'elle prenait des médicaments qu'il ne fallait pas prendre», a-t-il confié. «J'avais déjà quatre enfants, j'étais faible, je n'ai pas fait attention, j'ai laissé faire: je peux vous dire qu'il n'y a pas un jour où je ne pense pas à cette vie que j'ai contribué à supprimer», a-t-il dit sans autre précision.
Pas d'idéologie
Malgré ses «convictions», ce catholique revendiqué a assuré ne pas intervenir sur les contenus des chaînes qui sont dans son giron. Il a nié vouloir promouvoir «une idéologie» d'extrême droite, ce dont il est régulièrement accusé.
«Tout ça c'est des tartes à la crème», a-t-il déclaré. «Je n'ai aucun projet idéologique, je suis tout doux et débonnaire, pas du tout un Attila».
CNews, dont les vedettes sont Pascal Praud, Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk, est boycottée par des personnalités de gauche, qui l'accusent de promouvoir des opinions d'extrême droite, ce que la chaîne conteste. Le groupe Canal+ comprend aussi la chaîne C8, dont la star est l'animateur controversé Cyril Hanouna, habitué des polémiques.
«J'ai des convictions (...) mais les contenus du groupe Canal n'ont qu'un objectif, servir ses abonnés ou ses téléspectateurs», a assuré M. Bolloré. Selon lui, CNews est «un succès» car elle «raconte la vérité, reçoit tout le monde, enfin en tout cas tous ceux qui veulent y aller, et que c'est aujourd'hui un espace de liberté».
«Est-ce qu'il y a de l'idéologie là-dedans ou chez Cyril Hanouna? Je ne suis pas sûr, je crois qu'il y a une liberté, une joie», a dit M. Bolloré.