C'est un développement majeur pour la plateforme, même si l'issue du vote à venir au Sénat reste incertaine. Face à cette menace, le PDG de TikTok, Shou Zi Chew, a appelé ses 170 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis à réagir massivement. «Faites-vous entendre», a-t-il lancé sur TikTok et sur le réseau social X après le vote, à moins de huit mois de l'élection présidentielle de novembre.

«Nous ne cesserons pas de vous défendre et nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir, y compris en exerçant nos droits légaux, pour protéger cette formidable plateforme que nous avons construite avec vous», a-t-il ajouté.

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Le dirigeant a aussi estimé que la loi mettait en danger «300'000 emplois» aux Etats-Unis, menaçant notamment de priver des «petites entreprises qui dépendent de TikTok» de «milliards de dollars» de revenus.

TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines, de nombreux responsables estimant que la plateforme de vidéos courtes et divertissantes permet à Pékin d'espionner et de manipuler les citoyens.

La société a nié, à plusieurs reprises, avoir transmis des informations aux autorités chinoises et assuré qu'elle refuserait toute requête éventuelle en ce sens.

Processus «secret»

Le texte de loi, adopté à une large majorité de 352 voix sur 432 élus, «n'interdit pas TikTok», a fait valoir le chef de file des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries. «Il vise à solutionner des questions légitimes de sécurité nationale et de protection des données liées aux rapports du Parti communiste chinois avec un réseau social», a-t-il expliqué.

«Ce processus a été mené en secret et le texte présenté en urgence pour une raison: il s'agit d'une interdiction», a réagi un porte-parole de TikTok auprès de l'AFP.

Le vote «qui a réuni des élus des deux partis, montre l'opposition du Congrès aux tentatives de la Chine communiste d'espionner et de manipuler les Américains et constitue un signe de notre détermination à dissuader nos ennemis», a déclaré le président républicain de la Chambre, Mike Johnson.

En amont du vote, la Chine avait fait savoir qu'une interdiction saperait «la confiance des investisseurs internationaux» et reviendrait, pour la première puissance mondiale, à «se tirer une balle dans le pied», selon un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Après le vote, Pékin a assuré qu'il prendrait «toutes les mesures nécessaires» pour défendre ses entreprises. «Les Etats-Unis doivent (...) cesser les pressions destinées à écarter injustement des entreprises étrangères» de leur marché, a fustigé un porte-parole du ministère chinois du Commerce.

Sort incertain au Sénat

Le sort du projet de loi est incertain au Sénat, où des personnalités de premier plan s'opposent à une mesure aussi radicale à l'encontre d'une application extrêmement populaire. Le président américain Joe Biden a déclaré qu'en cas d'adoption au Sénat, il promulguerait le texte.

La proposition de loi obligerait ByteDance, la société mère de TikTok, à vendre l'application dans un délai de 180 jours, faute de quoi elle serait exclue des boutiques d'applications d'Apple et de Google aux Etats-Unis.

Aucun acquéreur potentiel ne s'est pour l'instant officiellement manifesté. Le Wall Street Journal rapporte que l'ancien patron de l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard, Bobby Kotick, aurait manifesté son intérêt auprès du co-fondateur de ByteDance, Zhang Yiming.

La valeur de TikTok est difficile à estimer, en particulier dans le cas d'une vente contrainte. En 2020, ByteDance avait fixé son prix à 60 milliards de dollars alors que le gouvernement de Donald Trump voulait le forcer à s'en séparer, selon l'agence Bloomberg.

Revirement de Trump

Plusieurs États américains et le gouvernement fédéral ont interdit l'utilisation de l'application sur les appareils officiels des fonctionnaires, invoquant des risques pour la sécurité nationale.

L'ancien président américain Donald Trump (2017-2021) a opéré un revirement en affirmant lundi qu'il était opposé à une interdiction, principalement parce qu'elle renforcerait Meta, le propriétaire d'Instagram et de Facebook, qu'il a qualifié d'«ennemi du peuple».

En 2020, Donald Trump avait tenté d'arracher le contrôle de TikTok à ByteDance avant d'en être empêché par les tribunaux américains.

M. Trump a réfuté les accusations selon lesquelles il aurait changé de discours parce qu'un investisseur majeur de TikTok, Jeff Yass, avait menacé de ne plus contribuer au financement de campagnes électorales de républicains.