«Oliviero Toscani: photographie et provocation», tel est l'intitulé de l'exposition consacrée, jusqu'au 15 septembre, au Milanais âgé de 82 ans par le Museum für Gestaltung, le plus grand musée suisse de design et de communication visuelle. C'est un fait: l'Italien a souvent réussi à provoquer, en photographiant le modèle anorexique Isabelle Caro, des condamnés à mort américains ou un curé embrassant une nonne, pour le compte de United Colors of Benetton.
«Ces sujets restent, aujourd'hui encore, aussi actuels qu'à l'époque», souligne le directeur du musée Christian Brändle dans un entretien accordé à Keystone-ATS. Et de citer ceux du racisme, de la migration ou des identités de genre.
A partir des débuts zurichois
Jusqu'à présent, Oliviero Toscani avait placé ses anciens travaux sous scellés. Christian Brändle a toutefois réussi à le convaincre. Cette rétrospective est donc une première mondiale.
L'exposition présente notamment les photographies qu'il a réalisées durant ses années d'études à l'Ecole d'arts appliqués de Zurich. Il s'agit de photomontages et de confrontations photographiques qui, selon le directeur du musée, donnaient déjà un avant-goût du jeu de la provocation que Toscani allait exploiter plus tard.
En passant par sa période new-yorkaise
Après sa formation zurichoise, l'Italien a vécu à New York. La rétrospective en montre les clichés qu'il y a réalisés dans la scène nocturne. «On y voit son intérêt pour la diversité et la sexualité vécue librement», explique Christian Brändle. Ce sujet est récurrent dans son travail. Toscani a notamment rencontré Andy Warhol à «Big Apple» et y a photographié des stars comme Mick Jagger.
L'exposition présente aussi d'innombrables photos inédites, issues des archives du photographe. Sur une «table des rebuts», le public peut même piocher dans les versions imprimées de ces clichés.
Les photographies réalisées pour Benetton sont, elles, suspendues aux murs. «D'après Toscani, la provocation intelligente est la base de toute confrontation approfondie», évoque Christian Brändle. De cette manière, il a montré que la communication d'entreprise pouvait faire mieux que de vendre simplement un pull, à savoir de porter aussi un sujet au coeur de la société.