La semaine dernière, un pic à 2400 dollars avait même été atteint, un record historique. Il y a trois mois, 2000 dollars étaient suffisants pour s'offrir cette quantité du métal, fortement recherché en période de crise.
Les raisons de la progression sont nombreuses, explique un connaisseur de la branche. Et il ne faut pas s'attendre à une correction à court terme, alors qu'aucune donnée conjoncturelle d'envergure ne figure à l'agenda aux Etats-Unis au cours des prochaines semaines, écrivent Thu Lan Nguyen et Carsten Fritsch, tous deux analystes chez Commerzbank.
Pour Luca Carrozzo, directeur de l'investissement à la Banque CIC (Suisse), le sentiment d'incertitude est une des raisons possibles pour expliquer le renchérissement de l'or. Au cours d'un entretien avec AWP, il parle d'une «fuite vers l'or». «De nombreux grands investisseurs ont perdu confiance dans les monnaies mondiales et se couvrent avec l'or», explique-t-il.
La peur d'une guerre entre l'Iran et Israël ainsi que le conflit armé en Ukraine renforcent les incertitudes, mais ne sont pas pour autant «les principaux moteurs» à la hausse des prix de l'or, selon lui.
A la Banque cantonale de Zurich (ZKB), Simon Lustenberger est d'un autre avis: «Les tensions au Proche-Orient devraient continuer à soutenir le prix de l'or, qui est souvent gagnant lorsque les risques géopolitiques augmentent, dans la mesure où les investisseurs cherchent des valeurs sûres».
Influence des banques centrales
La politique monétaire joue un rôle déterminant, en particulier celle de la Fed. Les espoirs d'un abaissement des taux par la Fed renforcent généralement l'attrait du métal jaune. «Habituellement, les taux directeurs plus élevés et le rendement des emprunts pèsent sur le prix de l'or, car ce dernier ne verse pas d'intérêt et ne rémunère donc pas son détenteur», explique M. Lustenberger.
Le cours du dollar américain a également un impact. Si le dollar s'apprécie, le prix de l'or régresse. Cette corrélation longtemps négative pour l'or s'est désormais retournée. La faiblesse actuelle du dollar et des autres monnaies renforce ainsi le métal jaune.
En plus de leur politique monétaire, certaines banques centrales influencent également le prix de l'or par leurs achats, à l'image de la Banque populaire de Chine. Selon des courtiers, cette dernière a acheté depuis novembre 2022 en moyenne 19,3 tonnes d'or par mois.
Pour les spécialistes interrogés, le pic du prix de l'or devrait néanmoins déjà être derrière nous. A plus long terme, l'or continuera d'être recherché et des cours allant jusqu'à 2800 dollars l'once sont attendus. Mais pour cette année, M. Carrozzo table sur 2350 dollars, ce qui implique une tendance latérale jusqu'à la fin de l'année.
L'avis de M. Lustenberger converge: «En cas d'apaisement des risques géopolitiques, la hausse du prix de l'or sera fragilisée». Et le renforcement du dollar et les attentes en matière de hausse des taux d'intérêt renforceront encore ces éléments.