Pour contrer les assauts russes, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mardi les Occidentaux à accélérer les fournitures d'armes, après une rencontre avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en visite à Kiev mardi et mercredi pour rassurer Kiev sur la pérennité du soutien des Etats-Unis après des mois de blocage et d'incertitudes.
Le nouvel assaut russe se déroule dans la région de Kharkiv, dont la capitale éponyme est la deuxième plus grande ville d'Ukraine. Située près de la frontière russe, la zone a essuyé une campagne de bombardements massive ces dernières semaines.
L'armée ukrainienne a annoncé mercredi un repli de ses troupes dans certaines zones du nord-est, alors que l'armée russe avait assuré la veille avoir pénétré «en profondeur dans les défenses» ukrainiennes et revendiqué la prise d'un nouveau village.
«Dans certains endroits des zones de Loukiantsi et de Vovtchansk, en raison des tirs et des actions d'assaut de l'ennemi, des manoeuvres ont été effectuées pour sauver la vie de nos soldats, les unités ont été déplacées vers des positions plus avantageuses», a déclaré à la télévision mercredi le porte-parole des forces dans la région, Nazar Volochine.
Situation «extrêmement difficile»
Selon Oleksiï Kharkivsky, chef de la police de Vovtchansk, localité de quelque 18'000 habitants avant-guerre, «les combats» sont en cours dans la cité. «La situation est extrêmement difficile. L'ennemi prend position dans les rues», a-t-il déclaré, ajoutant avoir appelé la population restante à évacuer.
Cette offensive par le nord de l'Ukraine a pris les forces ukrainiennes par surprise en fin de semaine dernière. Plusieurs villages ont été conquis, et quelque 7000 personnes ont été évacuées de la zone.
Selon la chaîne Telegram DeepState, proche de l'armée ukrainienne, les Russes sont parvenus à occuper une bande d'environ 80 km2 autour de Loukiantsi et une autre de 53 km2 vers Vovtchansk.
Certains analystes militaires estiment que Moscou pourrait ainsi forcer l'Ukraine à détourner ses troupes d'autres zones de la ligne de front, notamment dans l'Est comme autour de la ville stratégique de Tchassiv Iar, dans la région de Donetsk, où la Russie progresse également.
«Les régions de Donetsk et de Kharkiv sont celles où les choses sont les plus difficiles actuellement», a déclaré M. Zelensky mardi soir dans son intervention quotidienne.
Il a également insisté mardi sur le fait qu'une «accélération notable des livraisons» d'armes occidentales était nécessaire. «Trop de temps s'écoule actuellement entre l'annonce des paquets (d'aide) et l'apparition réelle des armes en première ligne», a-t-il déploré.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré le même jour l'Ukraine que l'aide militaire américaine était «en route», promettant que «cela fera une réelle différence sur le champ de bataille».
La lenteur de l'aide européenne et l'arrêt pendant des mois de celles des Etats-Unis liée à des dissensions politiques américaines ont placé l'Ukraine dans une position difficile, le pays manquant d'hommes et de munitions au moment même où la Russie, forte d'une économie de guerre, reprenait fin 2023 l'initiative sur le terrain.
Zelensky annule ses voyages
Le président ukrainien a en outre annulé sans explication une visite prévue vendredi en Espagne ainsi que tous ses déplacements à l'étranger au cours des prochains jours. Selon la presse espagnole, il a pris cette décision en raison de la nouvelle offensive russe dans le nord.
Les autorités ukrainiennes assurent cependant que la ville de Kharkiv n'est pas menacée par un assaut terrestre.
La cité fait toutefois l'objet depuis des semaines de bombardements russes dévastateurs, notamment pour son réseau énergétique.
Une frappe mardi y a encore fait au moins 20 blessés, après qu'une bombe aérienne guidée a touché un immeuble d'habitation.
L'Ukraine a par ailleurs commencé à lever mercredi matin le rationnement d'électricité imposé à travers le pays la veille au soir en raison des dommages infligés aux infrastructures énergétiques par les frappes russes des derniers mois.
De son côté, la Russie a affirmé mercredi avoir neutralisé une vingtaine de drones ukrainiens qui ont visé notamment des cibles situées à un millier de kilomètres de la frontière avec l'Ukraine.