Les économistes de l'institut bâlois tablent sur une croissance de 0,9% des nuitées hôtelières lors de la saison estivale, portée par la reprise des marchés lointains, dont les nuitées sont attendues en progression de pas loin de 10%. L'intérêt des touristes américains pour la Suisse continue de se renforcer, ce qui se reflète dans les statistiques. En l'espace de dix ans, les nuitées des hôtes américains ont ainsi presque doublée et sont attendues à 2,1 millions cet été, ce qui les fera peser pour un sixième des nuitées des hôtes étrangers à cette saison.
La solide progression des Etats-Unis et d'autres marchés lointains contraste avec l'accès de faiblesse au niveau de la demande indigène et de celle européenne, dont les nuitées sont attendues en baisse de respectivement 2,1% et 0,7%. En cause, la faiblesse du pouvoir d'achat et une conjoncture globalement morose en Europe. L'appréciation du franc cet hiver, bien que stoppée par la baisse des taux d'intérêt de la Banque nationale suisse (BNS), a possiblement encouragé à réserver ses vacances d'été ailleurs. L'Allemagne, particulièrement touchée par des conditions économiques difficiles, devrait essuyer un recul.
A mesure que la demande des marchés lointains prend une ampleur plus importante sur le total, les flux touristiques tendent à mieux se répartir sur l'année, car les visiteurs non européens voyagent plus volontiers en basse saison, expliquent les économistes. Un deuxième avantage est l'augmentation de la valeur ajoutée par nuitée, en raison de dépenses plus importantes en moyenne pour les visiteurs venus de loin.
Les économistes pointent néanmoins deux tendances négatives pour le tourisme helvétique: une durée des séjour qui tend à diminuer et une concentration plus forte des touristes dans certaines régions. Les statistiques très positives des nuitées ne reflètent donc pas toute la complexité du tableau.
Perspectives positives après l'été
Pour la saison d'hiver, Bak Economics table sur une légère croissance de 0,4%. La demande indigène et celle européenne devraient légèrement décroître, néanmoins, la progression des marchés lointains devrait permettre de compenser, projette l'institut.
A plus longue échéance, il faut s'attendre à ce que la demande intérieure se stabilise aux alentours de 14% de plus qu'avant la pandémie. La baisse des taux d'intérêt en Europe devrait stimuler l'économie et les ménages bénéficieront de l'augmentation des salaires nominaux, ce qui permettra à la demande de se maintenir.
A contrario, la lutte contre l'inflation aux Etats-Unis est moins avancée et cela devrait faire ralentir la demande, plaçant le budget pour les vacances sous pression. Les marchés lointains devraient tout de même rester un vecteur de croissance important en 2025 et 2026, le potentiel de rattrapage n'étant pas encore épuisé. Le marché chinois poursuivra sa large reprise, bien qu'il ne faille pas s'attendre à retrouver le niveau d'avant la pandémie.