Baptisé «H2 Notos», ce projet, qui en est à son tout début, vise à produire de l'hydrogène par électrolyse, à base d'électricité solaire et éolienne, pour l'exporter par pipeline vers l'Europe.
Durant sa phase initiale, vers 2030, ce projet, qui se chiffre en «nombreux milliards de dollars», vise 200'000 tonnes d'hydrogène par an, produites à partir de 3 GW de capacités électriques, a indiqué David Corchia, le directeur général de TE H2. Il ambitionne ensuite d'atteindre «1 million de tonnes par an».
L'hydrogène serait acheminé par pipeline construit spécialement jusqu'à la côte nord tunisienne, avant de passer par un gazoduc marin transportant aujourd'hui du gaz, puis par le futur pipeline «SoutH2 corridor» prévu d'ici 2030 et remontant vers l'Europe par l'Italie, a expliqué M. Corchia à des journalistes.
Le transport par pipeline est moins coûteux que la double transformation en ammoniac qu'exigerait un acheminement par bateaux, a-t-il ajouté.
Mais le responsable n'a pas caché les nombreux défis à relever.
«Nous entrons à présent dans une phase de travaux techniques importants destinées à évaluer la faisabilité du projet. Il nous faudra pour cela continuer d'approfondir la collaboration constructive et fructueuse que nous avons déjà avec les autorités tunisiennes nationales et locales», a-t-il dit. C'est «un projet prometteur (mais) il y a encore beaucoup de travail pour sécuriser les terrains, sur l'impact environnemental de éoliennes, les possibilités de construction» du pipeline...
L'eau nécessaire à l'électrolyse viendra, elle, du dessalement d'eau de mer, a-t-il précisé.
Pour la Tunisie, «l'accord conclu avec TE H2 et Verbund marque une étape importante dans notre démarche pour une énergie propre et durable», a déclaré Fatma Thabet Chiboub, la ministre de l'Énergie, citée dans le communiqué.
De nombreux acteurs industriels dans le monde tentent de se positionner dans la course à l'hydrogène vert, vu comme le moyen de décarboner l'industrie et les transports lourds, mais se heurtent encore à des problèmes de coûts et de complexité technique.
Outre le projet tunisien, TE H2 développe des projets sur d'autres grands sites à fort gisement solaire et éolien, au Maroc, en Mauritanie, Egypte mais aussi Finlande ou Australie, l'objectif étant de pouvoir exporter.
Son projet le plus avancé se trouve à la pointe sud du Chili, où l'entreprise a sécurisé auprès d'un propriétaire privé près de 120'000 hectares, pour installer 8 à 10 GW d'éolien. L'endroit «nous sert aussi de laboratoire sur les aspects technologiques et coûts», a indiqué M. Corchia, qui appelle l'UE à «penser global» pour soutenir l'industrie de l'hydrogène vert en Europe.