Le groupe, qui n'affiche aucun remord à investir dans l'industrie pétrolière malgré l'impact sur le climat, a en effet adopté une posture plus combattive que les années précédentes pour cette édition, qui va se dérouler en distanciel.

Il a lancé des poursuites contre deux groupes d'actionnaires -- l'ONG Follow This et la société d'investissements militante Arjuna Capital -- qui voulaient soumettre aux porteurs de titres une résolution prévoyant une limitation des émissions de gaz à effet de serre.

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Les deux entités ont renoncé mais le géant leur réclame le remboursement des frais judiciaires.

Cette réplique brutale lui a attiré de vives critiques de la part du fonds souverain norvégien et du fonds de pension des fonctionnaires de Californie (Calpers), l'un des plus grands aux Etats-Unis.

Un nombre important de votes contre les candidats proposés par Exxonmobil pour les sièges de son conseil d'administration pourrait illustrer le ressentiment des actionnaires à l'égard des tactiques du groupe.

Pour Calpers, le changement climatique représente «une grave menace pour les rendements des investissements de long terme» et l'attitude belliqueuse d'Exxonmobil pourrait entraîner des conséquences «dévastatrices» sur la gouvernance des entreprises.

«Si Exxonmobil parvient à éteindre les voix et à bouleverser les règles de la démocratie au sein de l'actionnariat, quels autres sujets les dirigeants d'une société vont-ils considérer comme chasse gardée? La sécurité au travail? Les rémunérations excessives des dirigeants?», relève le fonds de pension.

100% contre

Il compte voter contre la totalité des douze candidats au mandat d'administrateur «pour envoyer le message que nos voix ne seront pas réduites au silence».

Les racines de la controverse remontent au mois de décembre lorsque Follow This et Arjuna ont réclamé un vote des actionnaires sur une mesure exigeant d'Exxonmobil une accélération de la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.

Ce projet établissait des objectifs et un calendrier d'abaissement des émissions indirectes (Scope 3), c'est-à-dire incluant toute la chaîne depuis les fournisseurs jusqu'aux consommateurs.

Mais, pour le groupe pétrolier, cette proposition était identique à celle rejetée par près de 90% de ses actionnaires en 2023.

La gestion de telles résolutions est «coûteuse et gourmande en temps», a argumenté le groupe dans le cadre de ses poursuites, affirmant que ladite proposition «ne cherchait pas à améliorer les performances économiques d'Exxonmobil, ni à créer de la valeur pour les actionnaires».

«L'objectif principal des parties défenderesses est de forcer Exxonmobil à changer la nature de ses activités de base ou à faire faillite dans son entièreté», a-t-il poursuivi.

Peu après le lancement de ces poursuites en janvier devant un tribunal fédéral du Texas, Arjuna et Follow This ont retiré leur proposition.

Mais leur adversaire n'a pas sonné le repli de son côté, et réclame toujours au juge fédéral de déclarer que cette mesure n'a pas à figurer au menu des résolutions soumises au vote des actionnaires.

Le juge fédéral Mark Pittman a accepté la semaine dernière de cesser la procédure à l'encontre de Follow This, estimant que le tribunal n'était pas compétent pour statuer sur cet organisme basé aux Pays-Bas. Mais il a autorisé sa continuation contre Arjuna.

Dans un courrier du 27 mai adressé à Exxonmobil, la société d'investissements a rejeté les accusations à son encontre.

D'après Natasha Lamb, membre de l'équipe dirigeante d'Arjuna, la mobilisation de cette dernière à l'égard du changement climatique «correspond, et est nécessaire, pour assurer le succès de son avenir financier».

Elle s'est engagée à ne plus émettre de proposition liée au changement climatique chez Exxonmobil, espérant par ailleurs que le groupe «arrête ses poursuites».