«Je n'entends pas remettre en cause les engagements pris par la France sur la scène internationale», a déclaré M. Bardella. «Il y a un enjeu de crédibilité à l'égard de nos partenaires européens et de nos alliés de l'Otan», a ajouté le chef de file du RN.
Plus question donc de «quitter le commandement intégré» de l'Alliance atlantique, comme le proposait Marine Le Pen il y a deux ans. En tout cas pas tant que la guerre en Ukraine «est toujours en cours», comme M. Bardella l'avait déjà expliqué pour tenter de gommer l'image pro-Kremlin que son parti traîne comme un boulet.
Le très jeune président du RN a d'ailleurs confirmé son intention de maintenir le soutien militaire à Kiev. Avec toutefois une «ligne rouge» sur les «missiles longue portée» et autres armes qui permettraient de «frapper le territoire russe», pour «éviter tout risque d'escalade».
Pays dans le rouge budgétairement
Il a également confirmé qu'il n'irait à Matignon que si le RN avait la majorité absolue car «dans le cadre d'une cohabitation avec une majorité relative, je ne pourrai pas agir».
Quel qu'il soit, le futur Premier ministre sera confronté à un pays dans le rouge budgétairement. La Commission européenne a ouvert mercredi une procédure pour déficit excessif contre la France, dont la dette atteint 110% du PIB, alors que le RN et la gauche prévoient d'ouvrir grand le robinet des dépenses.
Hausses d'impôts, départ des investisseurs
Le Medef, qui auditionnera jeudi plusieurs responsables dont Jordan Bardella, Edouard Philippe ou Boris Vallaud (pour le Nouveau Front populaire), a d'ailleurs jugé mercredi que «si ces programmes se concrétisaient en 2024 ou après», ils provoqueraient «des hausses d'impôts, (...) le départ des investisseurs étrangers et des faillites massives».
Un angle d'attaque pour la majorité. Mais Emmanuel Macron, pourtant prié par une partie de ses troupes de ne pas s'afficher dans la campagne, s'est surtout illustré par une lourde charge mardi contre la gauche unie sous la bannière du Nouveau Front populaire. Il a fustigé son programme, le taxant de «totalement immigrationniste».
Ils proposent «d'abolir toutes les lois qui permettent de contrôler l'immigration», a-t-il martelé lors d'un déplacement sur l'île de Sein (Finistère) pour célébrer le 84e anniversaire de l'Appel du 18 Juin.
«Projet de société»
Le président de la République a aussi dénoncé «des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie» dans le programme de la gauche - qui propose d'«autoriser le changement d'état-civil libre et gratuit devant un officier d'état-civil».
«Le président de la République perd ses nerfs», a répliqué sur franceinfo le patron du parti communiste Fabien Roussel. «On attendait Jupiter, on a eu Néron», a taclé sur RTL le premier secrétaire des socialistes Olivier Faure. «Cet homme élu et réélu pour faire face à l'extrême droite enchaîne les reprises du discours de l'extrême droite», a-t-il accusé.
L'Elysée a défendu la position du chef de l'Etat. «Le changement de sexe, libre, en mairie n'est pas un projet de société qu'il défend au regard de la complexité de toutes les questions que cela soulève», a fait valoir son entourage, tout en vantant le «bilan de progrès sur les questions sociétales» d'Emmanuel Macron, de la «PMA pour toutes» à l'IVG dans la Constitution.
La gauche, qui a reçu mardi le soutien de la CGT, continue de mener campagne sur le terrain, à l'image du social-démocrate Raphaël Glucksmann à Marseille où une candidate de son parti Place publique affronte la ministre Sabrina Agresti-Roubache.
Attal veut «ressouder» ses troupes
Du côté de la majorité sortante, le Premier ministre Gabriel Attal, qui sera au 20h00 de TF1, réunit mercredi soir les candidats de son camp au siège de campagne de Renaissance pour «ressouder» et «mobiliser» ses troupes. Et il présentera de nouvelles propositions de la majorité lors d'une conférence de presse jeudi matin.
Par ailleurs, une affaire de viol en réunion à Courbevoie (Hauts-de-Seine) dénoncée par une adolescente de 12 ans qui dit avoir été traitée de «sale juive» est entrée dans la campagne.
Emmanuel Macron a demandé à la ministre de l'Éducation Nicole Belloubet qu'«un temps d'échanges» soit organisé «dans les prochains jours» dans les écoles sur le racisme et l'antisémitisme.
Jean-Luc Mélenchon (LFI), régulièrement accusé par ses opposants de propos ambigus sur l'antisémitisme, a lui dénoncé sur X un acte motivé par le «racisme antisémite», Marine Le Pen (RN) évoquant sur la même plateforme une «stigmatisation des juifs depuis des mois par l'extrême gauche».