Quelque 75'000 visiteurs professionnels et plus de 1200 exposants sont attendus pendant cinq jours sur l'aéroport du sud-ouest de Londres habituellement utilisé par les vols d'affaires pour ce salon bisannuel, l'un des plus importants au monde.
Cette grand-messe se déroule alors que le trafic aérien mondial doit dépasser cette année son niveau d'avant la pandémie et doubler d'ici vingt ans, pour atteindre 8,6 milliards de passagers, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata).
Une perspective florissante pour les avionneurs: Airbus prévoit un besoin de plus de 42'000 nouveaux avions d'ici à 2043.
Les dépenses de défense s'accélèrent elles aussi et ont atteint le record de 2.300 milliards de dollars au niveau mondial en 2023, selon les estimations de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sifri), sous l'effet de l'invasion russe de l'Ukraine et de la montée en puissance chinoise.
«Cette année, le côté militaire et spatial va être la star du salon compte-tenu de l'environnement géopolitique», pronostique Jérôme Bouchard, expert aéronautique au cabinet Oliver Wyman.
«Pas de grosses nouveautés» à attendre en revanche concernant l'aviation commerciale, selon lui: «On va rester sur les tendances observées au Bourget l'an passé avec les avions décarbonés et les eVTOL», les taxis volants.
Le traditionnel match des commandes entre Airbus et Boeing devrait se faire discret. «Avant, ces salons étaient l'occasion de montrer ses muscles au niveau commercial en encaissant de très belles commandes, il y en aura peut-être mais on n'attend plus les salons pour faire des grosses annonces commerciales», constate-t-il.
Pas d'avion Boeing
Airbus a ainsi annoncé début juillet une commande de la compagnie philippine Cebu Pacific pour 152 appareils, Boeing cette semaine un contrat avec le loueur Aviation Capital pour 35 monocouloirs 737 MAX.
Un salon est l'occasion d'intenses discussions commerciales, mais l'annonce de leur éventuelle conclusion tient beaucoup à la volonté de l'acheteur de se mettre en avant, explique-t-on chez les deux avionneurs.
Avec un carnet de commandes pour Airbus et Boeing qui a grimpé de 18% sur un an pour atteindre près de 15'000 appareils quand les livraisons n'ont augmenté que de 11% dans l'intervalle, «la demande n'est clairement pas le sujet principal de l'industrie», juge Pascal Fabre, expert au cabinet AlixPartners. Il faut déjà produire les avions commandés.
L'avionneur européen lutte pour assurer la montée en cadence qu'il ambitionne, contraint par les difficultés de la chaîne de fournisseurs à monter en puissance après avoir été fragilisé par la pandémie, la hausse des taux d'intérêt, les pénuries et les difficultés à recruter.
Airbus a dû repousser d'un an, à 2027, son objectif de produire 75 A320 par mois et ne compte désormais plus livrer cette année que 770 avions quand il en prévoyait initialement 800.
«Notre trajectoire est en danger», s'est inquiété le patron d'Airbus Avions commerciaux Christian Scherer, qui a annoncé aux salariés un programme de réduction de coûts et un gel des embauches.
Boeing reste quant à lui empêtré depuis de longs mois dans des problèmes de production et de qualité sur ses trois avions commerciaux 737, 787 et 777, qui ont entraîné plusieurs enquêtes.
Il n'est pas question d'envisager une remontée en cadence avant qu'ils ne soient réglés, insistent ses dirigeants, d'autant que la FAA, le régulateur américain, a elle-même plafonné la production de 737 MAX d'ici-là.
L'avionneur américain, qui attend de connaître le nom de son futur patron pour remplacer Dave Calhoun d'ici à la fin de l'année, fait également face à la menace d'une grève des ouvriers si les négociations salariales en cours n'aboutissent pas.
A Farnborough, Boeing entend donc rester discret et a annoncé avoir «ajusté sa présence» pour se «concentrer sur le renforcement de la sécurité et de la qualité et sur le respect des engagements envers ses clients». Il n'y aura ainsi aucun avion de ligne en livrée de Boeing exposé sur le tarmac.