«La pression était trop forte» pour que Joe Biden maintienne sa candidature à la présidentielle américaine de novembre, estime la Tribune de Genève. «Après un premier débat calamiteux, où l'octogénaire était sujet à des absences, et une quarantaine pour cause de Covid, Joe Biden était chancelant».

A cela s'est ajouté «le miracle de Pennsylvanie [...] qui l'a mis à terre», lorsque, le 13 juillet en pleine réunion électorale, une balle «frôle la tête» de son adversaire républicain, l'ex-président américain Donald Trump, lui transperçant une oreille, ajoute le journal genevois. Joe Biden «n'était plus que le faible vieillard face au héros sans âge. Cruel pour un président qui termine son mandat avec un bilan économique qui rendrait jaloux bien de ses prédécesseurs».

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Temps compté pour les démocrates

Mais même si le bilan économique est bon, il est incompréhensible que l'octogénaire n'ait pas compris plus tôt qu'il devait laisser sa place, lance le commentateur des journaux du groupe de presse CH Media. Joe Biden «ne pouvait tout simplement pas lâcher prise. S'il l'a fait, ce n'est peut-être pas tant parce qu'il veut 'le meilleur pour le pays', comme il l'écrit [...] mais plutôt pour sauver son propre héritage et sa propre réputation».

De plus, cette annonce de retrait tardif place le parti démocrate dans une position délicate, remarque le Tages-Anzeiger. «Au lieu de construire une succession qui aurait assuré son héritage et sa mémoire, [Joe Biden] a étouffé le débat lors des primaires afin de s'assurer un nouveau mandat [...] Il laisse désormais aux démocrates la situation difficile de lancer une nouvelle candidature à moins de quatre mois de l'élection» présidentielle.

La convention des démocrates débutant à la mi-août, «il ne faut pas chercher midi à quatorze heures pour trouver la candidate», relève le journal 24 Heures. La vice-présidente Kamala Harris a déclaré être prête à «battre Trump». Elle n'est peut-être pas la personne «idéale», poursuit le commentateur, «mais elle seule a les soutiens, financiers (elle est la seule à pouvoir hériter de la cagnotte des donateurs) et politiques (Obama, Clinton)».

«C'est Trump le vieux»

Et, remarque le quoditien vaudois, «c'est désormais Trump le vieux de l'autre», l'ex-procureur général de Californie affichant 59 ans, contre 78 pour le milliardaire républicain. «Face à une adversaire jeune et multiculturelle, qui aura la liberté de porter plus fort certaines valeurs (avortement, justice raciale, démocratie), le républicain ne pourra plus taper sur 'les capacités cognitives de l'homme qui occupe le bureau ovale'».

Abondant dans le même sens, la NZZ note que la quinquagénaire pourrait offrir aux Américains le changement de génération qu'ils souhaitent. «Surtout si elle se fait épauler par un homme encore plus jeune, modéré et blanc, comme le gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro, elle pourrait séduire une large couche d'électeurs». Elle n'est peut-être pas la candidate la plus forte, mais cela pourrait suffire pour battre Trump, ajoute le quotidien zurichois.

Il est cependant à craindre qu'une candidature de Kamala Harris «n'élargisse le fossé entre ces deux Amériques qui se haïssent», avertit La Liberté. «Son probable duel face à l'homme d'affaires milliardaire est une allégorie des Etats-Unis d'aujourd'hui. Femme, Afro-Africaine, progressiste, elle devra affronter un machiste démagogue et conservateur, champion du repli sur soi».

Dans tous les cas, le retrait de Joe Biden, «qui ne pouvait pas être évité», devrait déclencher de vives discussions au sein des démocrates, prédit le Blick. «Il faut comprendre pourquoi le parti a accepté [Joe] Biden comme candidat et pourquoi personne n'a réussi à le convaincre, avant même les primaires, de passer le relais à sa vice-présidente».