Arrivé lundi soir dans la capitale mongole, le dirigeant russe avait été accueilli par la garde d'honneur, sans être arrêté à sa descente de l'avion. Il s'agit de son premier déplacement en Mongolie en cinq ans.

Son déplacement apparaît comme un acte de défiance envers la CPI, l'Ukraine en guerre, ainsi que de nombreux pays occidentaux et d'organisations de défense des droits humains qui ont demandé son arrestation.

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M. Poutine a été accueilli mardi après-midi par son homologue mongol Ukhnaa Khurelsukh sur l'imposante place Gengis Khan d'Oulan-Bator, lors d'une fastueuse cérémonie en présence des délégations des deux pays.

Une fanfare a interprété des airs militaires et les hymnes nationaux russe et mongol devant les deux dirigeants, debout près de soldats mongols en tenue traditionnelle.

Vladimir Poutine est visé depuis mars 2023 par un mandat d'arrêt pour des suspicions de déportation illégale d'enfants ukrainiens vers la Russie. La Mongolie, membre de la CPI, était donc tenue de l'arrêter, selon le Statut de Rome qui a fondé la Cour.

Kiev a réagi avec colère: le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Georguiï Tykhiï, a accusé la Mongolie d'avoir «permis au criminel inculpé d'échapper à la justice, partageant ainsi la responsabilité de ses crimes de guerre».

La Cour basée à La Haye aux Pays-Bas avait rappelé la semaine dernière que ses pays membres ont l'«obligation» d'interpeller les individus visés par un mandat d'arrêt.

«Pas d'inquiétude»

Mais dans les faits, elle ne peut pas les forcer: quand un pays membre ne remplit pas ses obligations vis-à-vis de la CPI, cette dernière peut saisir l'Assemblée des Etats parties qui se réunit une fois par an mais dont les éventuelles sanctions se limitent essentiellement à une remontrance verbale.

Dans le passé, d'autres individus faisant l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour, comme l'ex-président soudanais Omar el-Béchir, se sont rendus dans des pays signataires du Statut de Rome, sans être inquiétés.

La Mongolie l'a pour sa part signé en 2000, avant de le ratifier en 2002. Démocratie enclavée entre deux pays autoritaires, la Russie et la Chine, la Mongolie a des liens culturels étroits avec Moscou ainsi qu'une relation commerciale importante avec Pékin.

Les deux puissances convoitent notamment ses riches ressources naturelles et veulent y accroître leur influence, tout comme les Etats-Unis.

La Mongolie, autrefois dans le giron soviétique, n'a pas condamné l'invasion russe en Ukraine et s'est abstenue lors des votes sur ce conflit aux Nations unies. Le Kremlin avait assuré la semaine dernière n'avoir «pas d'inquiétude» quant à une éventuelle arrestation du président russe.

Les forces de l'ordre mongoles ont empêché mardi une poignée de manifestants opposés à la présence de Vladimir Poutine de s'approcher de trop près du dirigeant russe.

Lundi après-midi déjà, quelques manifestants avaient exprimé leur mécontentement, certains brandissant une bannière sur laquelle était écrit «Faites partir le criminel de guerre Poutine».

«Projets prometteurs»

La visite de M. Poutine coïncide avec le 85e anniversaire de la victoire des forces mongoles et soviétiques contre le Japon.

En amont du voyage, le dirigeant russe a souligné les «projets économiques et industriels prometteurs» entre les deux pays, dans un entretien avec le journal mongol Unuudur partagé par le Kremlin.

Parmi ces projets: la construction d'un gazoduc trans-Mongolie reliant la Chine et la Russie, a-t-il cité. Il s'est aussi dit «intéressé par la poursuite d'un travail substantiel» en vue d'un sommet trilatéral entre Chine, Russie et Mongolie.

Le gouvernement mongol n'a fait aucun commentaire sur une éventuelle arrestation du dirigeant russe.

Mais, sur les réseaux sociaux, un porte-parole du président a démenti des informations de presse selon lesquelles la CPI aurait envoyé un courrier demandant aux autorités locales de mettre le mandat d'arrêt à exécution lors de cette visite.

Moscou ne reconnaît pas la CPI et a toujours fermement rejeté les accusations portées par cette juridiction contre le président russe.

La Mongolie «doit arrêter» Vladimir Poutine, qui «fuit la justice», a insisté lundi le directeur exécutif d'Amnesty International en Mongolie, Altantuya Batdorj.