Le président pourrait aussi miser sur un outsider de droite, le maire de Cannes David Lisnard.

Le chef de l'Etat est pressé de toutes parts d'arrêter un choix sans plus tarder après deux semaines de consultations, qui se focalisent depuis lundi sur ces deux personnalités de droite et de gauche.

Le verdict pourrait finalement tomber mercredi. C'est «l'objectif», relève une source dans le camp présidentiel, en assurant que le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, tenant de la droite sociale, et l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve sont toujours dans la course.

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Selon plusieurs ministres démissionnaires, Xavier Bertrand semble tenir la corde. Ou en tout cas, tenait la corde mardi soir. «Mais ce matin, le président interrogeait encore», pointe l'un deux. Emmanuel Macron a eu en tout cas de nouveaux échanges dans la journée, confirme un proche.

Près de deux mois après les législatives, l'équation reste inchangée: comment éviter une censure immédiate du futur gouvernement, dans une Assemblée nationale fragmentée, où aucun des trois blocs n'a de majorité absolue et aucune coalition viable ne se dégage?

«Non censurabilité»

Auteur de la dissolution qui a plongé la France dans cette situation inextricable, Emmanuel Macron penche pour un Premier ministre «politique», après avoir caressé la piste de la société civile en la personne de Thierry Beaudet -- un homme inconnu du grand public, président du Conseil économique, social et environnemental.

Selon un proche du président, Xavier Bertrand comme Bernard Cazeneuve assurent déjà «plus de stabilité» que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, éconduite par Emmanuel Macron. «Il y a à leur égard des réticences, des lignes rouges de fond et de méthode, mais pas forcément de censure immédiate», veut-on croire de même source.

Tous deux semblent toutefois loin d'être assurés d'échapper à une censure immédiate, sur la base des déclarations des différentes forces politiques consultées par le chef de l'Etat.

En maintenant ces deux options, ce dernier ferait donc un pari risqué, après avoir érigé la «non censurabilité» en principal critère de sa nomination.

A défaut, Les Républicains, qui ont ouvert mardi la porte à la nomination de Xavier Bertrand après avoir campé sur leur refus de toute participation à un gouvernement ou à une coalition, pourraient offrir un autre candidat.

Mercredi après-midi, le camp présidentiel, également pressé d'en finir, bruissait ainsi du nom de David Lisnard, président de l'Association des maires de France (AMF). D'autant qu'il a fait des offres de services, selon plusieurs sources macronistes, et qu'il pourrait bénéficier d'une plus grande bienveillance de la part des députés d'extrême droite.

Le RN s'oppose en effet frontalement au patron des Hauts-de-France, qu'il juge trop hostile à ses idées et ses électeurs. Si le parti lepéniste et ses alliés fidèles à Eric Ciotti votaient une censure déposée par la gauche, celle-ci pourrait obtenir jusque 335 voix, largement au-dessus des 289 voix requises pour renverser un gouvernement.

Le RN, qui censurerait aussi un gouvernement Cazeneuve, se montre moins hostile à d'autres personnalités de droite, comme David Lisnard donc, ou l'ex-ministre centriste Jean-Louis Borloo cité par Sébastien Chenu sur LCI, car il «se comporte bien» à son égard.

Impatience

A gauche, la menace de censure est aussi brandie contre une équipe Bertrand. Les Insoumis -- qui ont refusé mardi de s'entretenir à nouveau avec le président -- continuent même d'affirmer qu'ils censureront tout autre Premier ministre que Lucie Castets.

Le patron des socialistes Olivier Faure a lui émis de fortes réserves à l'égard de Bernard Cazeneuve, mais sans fermer totalement la porte. Ce serait «une forme d'anomalie» de choisir «le seul homme de gauche qui s'est battu contre le Front populaire», a-t-il jugé sur TF1.

Il a toutefois appelé à une «négociation entre formations politiques, groupes parlementaires, qui permette d'asseoir sur le fond un programme de gouvernement», un signal perçu comme positif dans le camp présidentiel.

«Qu'importe le nom, nous voulons abrogation ou moratoire de la réforme des retraites, hausse des salaires et un budget en augmentation pour investir dans les services publics», a également plaidé sur RTL le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel.

Pour la cheffe de file des écologistes Marine Tondelier, «les Français n'en peuvent plus de ce feuilleton institutionnel à rebondissements». Et le chef des Républicains au Sénat Bruno Retailleau a exigé sur BFMTV la nomination d'un Premier ministre «dans les prochaines heures».