US Steel a indiqué que sans cette prise de contrôle, il renoncerait à des investissements massifs de modernisation de ses sites de Mon Valley Works (Pennsylvanie) et Gary Works (Indiana).

«Si US Steel devait poursuivre seul», sans s'unir à Nippon Steel, la société «ne prendrait pas les mêmes engagements», a prévenu la direction de cet ancien géant du capitalisme américain, descendant de l'empire de l'entrepreneur Andrew Carnegie.

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Lundi, la candidate démocrate à la présidentielle Kamala Harris a affirmé, lors d'une réunion de campagne, vouloir maintenir l'aciériste sous contrôle américain.

Selon le Washington Post, le président Joe Biden s'apprêterait à mettre à exécution la menace qu'il brandit depuis plusieurs mois, à savoir empêcher l'absorption d'US Steel par Nippon Steel.

Annoncée en décembre, cette opération d'un montant de 14 milliards de dollars (11,9 milliards de francs) est suspendue, en l'état, faute d'autorisation des régulateurs.

Sollicitée par l'AFP, la Maison-Blanche a indiqué mercredi que le rapport de la Commission aux investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS), chargée d'examiner le dossier, n'avait pas encore transmis ses conclusions à Joe Biden. «C'est la prochaine étape», a expliqué un responsable.

L'information a fait chuter de 17,47% le titre de l'aciériste à la Bourse de New York.

Le candidat républicain Donald Trump a, lui, promis de s'opposer à cette opération en cas d'élection.

Le dossier US Steel est devenu un enjeu de campagne car le groupe est implanté en Pennsylvanie, Etat crucial pour la présidentielle américaine de novembre.

Le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris sont au coude à coude selon des sondages dans ce territoire qui n'a basculé qu'à quelques dizaines de milliers de voix en 2016 (pour Donald Trump) et 2020 (pour Joe Biden).

Dans un communiqué publié jeudi, Nippon Steel a indiqué être au courant des informations de presse concernant un possible blocage de l'acquisition par Joe Biden, se disant «fermement convaincu que le gouvernement américain doit traiter cette affaire de manière appropriée et conformément à la loi».

«US Steel et l'ensemble de l'industrie sidérurgique américaine seront sur une base beaucoup plus solide» en cas de succès de l'opération, a ajouté la firme japonaise.

L'action Nippon Steel gagnait 1,3% jeudi matin à la Bourse de Tokyo.

«Des milliers d'emplois»

Un rassemblement a eu lieu mercredi au siège de l'entreprise, à Pittsburgh en soutien au projet de reprise, crucial pour assurer que «US Steel sera encore là dans 100 ans», a déclaré Mark Yezovich, employé du groupe depuis 15 ans.

Le syndicat des métallos USW (United Steelworkers) a qualifié cette initiative de «pathétique».

«Cette fusion hypothèquerait l'avenir des travailleurs», a affirmé l'USW, opposé au rachat par crainte d'une casse sociale, même si le groupe japonais s'est engagé à maintenir l'emploi.

«Sans la transaction avec Nippon Steel, US Steel se séparerait, pour l'essentiel, de ses hauts-fourneaux, mettant en danger des milliers d'emplois syndiqués et bien payés», a martelé de son côté le groupe.

L'impossibilité éventuelle de réaliser la fusion entre les deux aciéristes «poserait sérieusement la question du maintien du siège à Pittsburgh», a ajouté l'entreprise.

Mardi, Nippon Steel a une nouvelle fois tenté de rassurer gouvernement américain et syndicat en affirmant qu'après son rachat, US Steel demeurerait «une entreprise américaine» avec une majorité de citoyens américains au conseil d'administration.

Le projet de reprise a déjà été accepté par le conseil d'administration et les actionnaires d'US Steel.

Avant l'entrée en scène de Nippon Steel, US Steel avait rejeté une offre de son concurrent américain Cleveland-Cliffs, qui voulait former un acteur capable de peser sur la scène mondiale, ultra-dominée par des entreprises asiatiques, chinoises en particulier.

Cette proposition avait reçu l'aval du syndicat USW.

«5% de la consommation mondiale»

US Steel est considéré comme une cible attractive car il a déjà réalisé un plan d'investissement pour s'équiper en fours dits à arc électrique.

Cette technologie est moins coûteuse et moins nocive pour l'environnement que celle des hauts-fourneaux traditionnels, car elle utilise de l'électricité plutôt que du charbon.

Il a ouvert deux sites, l'un à Farfield (Alabama) en 2020, l'autre à Osceola (Arkansas) en 2023, qui utilisent l'arc électrique.

Ils se trouvent tous deux dans des régions où l'implantation des syndicats est faible. Leurs personnels ne sont pas rattachés à l'USW.

En cas de renoncement de Nippon Steel, Gordon Johnson, du cabinet GLJ Research, ne voit pas un acteur américain se positionner.

«Les Etats-Unis ne pèsent que 5% de la consommation mondiale, contre 52% pour la Chine», a-t-il rappelé. «Donc même en consolidant toutes les capacités américaines, vous serez toujours dépendant de ce qui se passe en Chine, où l'économie va mal.»