La tendance semble se poursuivre en 2024. Les réassureurs, comme Munich Re ou Swiss Re, permettent d'écrêter les risques portés par les assureurs. Moyennant finance, ils s'engagent à relayer leurs clients assureurs en prenant à leur charge une partie des dommages, s'ils surviennent.
Les acteurs de ce secteur, un marché évalué en 2023 à 364 milliards d'euros, se réunissent à partir de samedi et jusqu'à mercredi à Monaco - comme chaque année -, où ils commencent les négociations annuelles avec leurs clients assureurs.
«Nous avons restauré des conditions pour que le marché de la réassurance fonctionne bien, de manière pérenne», en étant plus fermes «sur les tarifs, sur les conditions contractuelles, sur les structures», a expliqué cette semaine le président de l'Association des professionnels de la réassurance en France (Apref), Benoît Hugonin.
Les réassureurs ont connu des rendements des capitaux propres volatils et dégradés, entre 2017 et 2022, par une série de catastrophes naturelles, où les périls dits secondaires, c'est-à-dire d'intensité moyenne comme la grêle ou les incendies de forêts, ont été de plus en plus présents.
Hausses de prix
À partir de 2023, la réassurance a réagi en durcissant ses seuils d'intervention et en augmentant ses prix dans ses contrats actualisés chaque année, pour rétablir sa rentabilité. Parallèlement, des réassureurs se sont désengagés des catastrophes naturelles secondaires pour se concentrer sur les catastrophes primaires: tremblement de terre ou ouragans.
Un rééquilibrage assumé par les réassureurs mais qui a considérablement rogné les marges de la plupart des compagnies d'assurance. Celles-ci n'ont pas manqué de le souligner lors de leurs résultats 2023.
Il n'y a «pas de raison de penser qu'il y aurait un changement d'approche pour les renouvellements 2025», a ajouté M. Hugonin, pour qui «quand on est réassureur, on n'est pas au même endroit sur la chaîne de gestion des risques».
Pic de tarification passé
A la faveur de ces évolutions, l'agence de notation S&P Global a maintenu sa perspective «stable» pour le secteur de la réassurance. Ce secteur «se porte bien, on a un niveau de rentabilité (...) satisfaisant. On a des perspectives de résultats qui, de notre point de vue, restent favorables», explique Marc-Philippe Juilliard, son directeur assurances, estimant que cette tendance ne pourra toutefois se poursuivre.
«Lors des derniers renouvellements courant 2024, on n'assiste plus à une hausse généralisée de la tarification en réassurance, mais plutôt à des évolutions segmentées, y compris (...) à des baisses» de tarification concernant des contrats qui «n'ont pas été affectés par une sinistralité significative dans la période récente», ajoute-t-il.
Pour l'agence de notation Fitch Ratings, «la rentabilité devrait rester très forte par rapport aux normes historiques en 2025». Dans un rapport, elle estime que «compte tenu de l'abondance de capitaux dans le secteur», «les réassureurs sont bien placés» pour pouvoir baisser les prix, «même si les coûts des sinistres continuent d'augmenter et que les pertes dues aux catastrophes deviennent plus importantes en raison du changement climatique».
Les catastrophes naturelles ne sont cependant pas le seul défi que le secteur aura à relever dans les années qui viennent. Les réassureurs savent ainsi qu'ils devront compter sur l'augmentation potentiellement exponentielle du risque cyber et ils s'interrogent sur comment définir et assurer ce risque nouveau dans leurs contrats. «C'est un domaine où chaque sinistre amène son lot de nouveautés», souligne M. Juilliard.
Par ailleurs, «l'environnement sociopolitique des dernières années conduit à des pertes assurantielles majeures liées aux émeutes dans le monde», indique M. Hugonin citant par exemple le mouvement Black lives matters aux Etats-Unis ou les gilets jaunes et l'insurrection en Nouvelle-Calédonie en France.