Rob Bonta, le procureur général de cet Etat de l'Ouest des Etats-Unis, cherche ainsi à obtenir «des milliards de dollars» de la major pétrolière pour mettre en place des «solutions» pour faire face à la pollution des eaux et des sols par les plastiques rejetés dans l'environnement mais aussi pour «rééduquer» la population, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

«Notre côte, nos océans, nos rivières et nos baies sont pleins de plastiques, une pollution qui coûte plus d'un milliard de dollars chaque année aux autorités et aux contribuables (...) pendant ce temps, l'année dernière seulement, ExxonMobil a dégagé 36 milliards de profit», a-t-il rappelé.

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«Les plastiques sont partout, au fond de nos océans, sur les sommets les plus élevés et dans nos corps, causant des dégâts irréparables - connus ou inconnus à ce jour - pour l'environnement et notre santé», ajoute le procureur général dans un communiqué.

«Depuis des décennies, ExxonMobil trompe le grand public en essayant de nous convaincre que le recyclage du plastique pourrait résoudre à la fois le problème des déchets et de la pollution plastiques alors que l'entreprise sait très bien que c'est impossible», affirme-t-il encore.

«Les dirigeants de Californie savent depuis des décennies que leur système de recyclage est inefficace. Ils ont échoué à agir et cherchent maintenant à rejeter la faute sur d'autres», a réagi ExxonMobil auprès de l'AFP.

Les procès contre les grandes majors pétrolières, mais aussi plus généralement contre les entreprises accusées d'écoblanchiment se multiplient dans le monde et aux Etats-Unis pour qu'elles rendent des comptes, le réchauffement climatique étant principalement dû à l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, liée essentiellement à la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) par l'humanité.

«Vraies solutions»

«Seulement 5% des déchets plastique sont recyclés aux Etats-Unis et ce taux n'a jamais dépassé les 9%», est-il indiqué dans le communiqué du procureur général.

Pourtant, ExxonMobil aurait promu le pictogramme identifiant un produit comme recyclable pour faire croire aux consommateurs que leurs déchets plastiques seraient recyclés alors que les technologies pour le faire n'existent pas ou ne sont pas assez rentables pour être mises en place, est-il précisé.

Encore récemment, selon la plainte, le géant pétrolier aurait commencé à promouvoir le terme «recyclage avancé», utilisé pour décrire un procédé chimique consistant à fondre le plastique pour recréer divers produits pétrochimiques, dont du plastique. Alors que 92% du plastique ainsi traité finit, selon la plainte, en carburant.

Le procureur général a qualifié lundi cet argument de «plus grosse campagne de greenwashing» d'ExxonMobil.

«Au lieu de nous intenter un procès, ils auraient pu travailler avec nous pour résoudre le problème», a indiqué ExxonMobil à l'AFP. «La première étape serait de reconnaître (...) que le recyclage avancé marche (...) Nous apportons des vraies solutions», ajoute-t-il, affirmant avoir transformé à ce jour plus de 27.000 tonnes de déchets plastiques en matériaux réutilisables.

Cette procédure judiciaire, ouverte à San Francisco, intervient après deux ans d'enquête sur la responsabilité de l'industrie pétrochimique dans la pollution plastique aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de plastique par habitant qui génère environ un cinquième des déchets plastique mondiaux.

«Cette action en justice est la plus importante à ce jour contre l'industrie du plastique et ses mensonges persistants et continus sur le recyclage», s'est félicitée Judith Enck, présidente de l'ONG Beyond Plastics, espérant que cela créera «un précédent» et que «d'autres suivront».

La Californie cultive son image d'Etat progressiste, surtout en matière d'environnement. Son gouverneur Gavin Newsom a promulgué dimanche une loi qui interdira à partir de 2026 tous les sacs en plastique dans les magasins, déjà obligés de fournir des sacs assez résistants pour être réutilisés.

Le titre ExxonMobil a terminé la séance de lundi en hausse de 1,81% à la Bourse de New York.