«Les auteurs de ces accusations sont presque exclusivement des acteurs étatiques», note l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture).
Sur quelque 120 cas d'«allégations de crimes financiers envers des journalistes» recensés depuis 2005, «plus de 60%» l'ont été entre 2019 et 2023.
La vaste zone qui rassemble l'Europe de l'Est et l'Asie centrale représente 60 cas depuis 2008, dont 41 depuis 2020. Vingt-deux de ces cas se sont soldés par des peines de 7 ans de prison ou plus (14 ans pour la plus forte).
44 cas ont été recensés dans la zone Asie et Pacifique, 15 en Afrique et 7 dans la zone Amérique latine/Caraïbes.
Extorsion, accusation la plus fréquente
L'accusation la plus fréquente est celle d'extorsion, présente dans 56 des cas.
«L'évasion fiscale et le blanchiment d'argent sont les deuxième et troisième fausses accusations qui visent le plus fréquemment les journalistes et les médias, avec respectivement au moins 18 et 14 cas», selon le document. Chaque cas cumule souvent plusieurs types d'accusations.
«Phénomène en pleine expansion»
Selon le rapport, le nombre total de cas réels «est susceptible d'être encore plus élevé, dans la mesure où il s'agit d'un phénomène nouveau, en pleine expansion et qui recouvre différents types d'allégations criminelles».
Dans certains pays, «le pouvoir exécutif peut donner instruction à des organismes administratifs, comme les bureaux des impôts ou des douanes, de déclencher des accusations financières, en contournant ainsi le pouvoir judiciaire», poursuit l'Unesco.
«Assécher les ressources»
Pour les gouvernements qui souhaitent faire pression sur les journalistes, utiliser les législations financières a plusieurs avantages, souligne le rapport.
D'une part, la technicité de ces législations nécessite de faire appel pour se défendre à des avocats spécialisés et des experts «auxquels les journalistes et les médias n'ont pas facilement accès» et dont les services sont «très onéreux».
D'autre part, ces législations peuvent «permettre aux autorités de geler les avoirs» des journalistes ou médias concernés, et «d'assécher ainsi leurs ressources», parfois jusqu'à «la faillite».
Enfin, ces législations sont moins scrutées par la communauté internationale que celles qui «ciblent explicitement les médias».