«J'espère que les entreprises minières aient appris la leçon: cela aurait coûté beaucoup moins cher de faire en sorte d'éviter [cette catastrophe], infiniment moins cher», a déclaré le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, après la signature de l'accord lors d'une cérémonie officielle à Brasilia.

Plusieurs ministres du gouvernement étaient également présents lors de cette cérémonie, ainsi que des représentants des deux multinationales, copropriétaires de Samarco, la société qui exploitait le barrage de Fundao, près de la ville de Mariana, dans l'État du Minas Gerais (sud-est).

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Une minute de silence a été respectée en hommage aux victimes de la catastrophe sans précédent qui a frappé le Brésil il y a neuf ans.

Le 5 novembre 2015, la rupture du barrage a engendré le déversement de dizaines de millions de mètres cube de boues toxiques dans la nature - un volume équivalent à 12'000 piscines olympiques - et fait 19 morts, dévastant de nombreuses localités, y compris des communautés indigènes.

La coulée s'était ensuite répandue jusqu'à l'océan Atlantique sur 650 kilomètres à travers le lit du fleuve Rio Doce, tuant des milliers d'animaux et dévastant des zones de forêt tropicale protégées.

Pas d'effet suspensif

Un premier accord avait été signé en 2016, avec la compagnie brésilienne Vale et l'australien BHP, prévoyant un plan de réparation de 20 milliards de réais (environ 3,25 milliards de dollars au taux de change actuel).

Mais de nouvelles négociations ont été ouvertes en 2021, en raison d'engagements «non tenus» et de la lenteur de la justice pour trancher les litiges.

Pour Lula, l'accord signé vendredi est le «plus important de l'histoire moderne» après une catastrophe de cette nature.

Cet accord, qui doit encore être approuvé par la Cour suprême du Brésil, n'a pas pour effet d'annuler les procès en cours contre les entreprises pour les dommages causés par la rupture du barrage, a précisé BHP dans un communiqué.

Près des deux tiers du montant de l'indemnisation stipulée dans l'accord signé vendredi seront versés par les deux entreprises aux collectivités locales, qui recevront 100 milliards de réais (16,2 milliards d'euros) sur vingt ans pour mettre en place elles-mêmes des mesures, notamment en matière environnementale.

Par ailleurs, 5,2 milliards d'euros seront destinés à l'indemnisation de victimes et d'autres réparations qui demeurent sous la responsabilité directe de Vale et BHP.

Le montant total comprend également environ 6 milliards d'euros que les entreprises assurent avoir déjà dépensés à ce titre.

«Insuffisant»

Le Mouvement des sinistrés des barrages (MAB), principale association de victimes, a indiqué dans un communiqué qu'il reconnaissait «l'importance de cet accord et ses avancées pour les personnes affectées», mais l'a considéré «insuffisant pour une réparation totale» des dommages subis.

La signature de cet accord intervient quelques jours après l'ouverture à Londres d'un méga-procès sur cette même catastrophe, au cours duquel BHP doit en répondre.

Le montant des dommages et intérêts réclamés à l'entreprise australienne dans ce procès civil est évalué à 36 milliards de livres (43 milliards d'euros).

Le cabinet londonien Pogust Goodhead, qui représente les plaignants, assure que l'accord signé par les autorités brésiliennes n'affectera aucunement la procédure.

«Cela ne fait que souligner l'importance du procès devant les tribunaux anglais. Les victimes n'ont pas été consultées au sujet de cet accord et une partie des réparations sera diluée sur vingt ans», a fustigé le cabinet dans un communiqué.