La situation de la première économie mondiale reste l'une des principales préoccupations des électeurs après trois ans de forte inflation.
«Le rapport sur le PIB du troisième trimestre sera solide, quelle que soit la manière dont vous tournez les chiffres», assurent Samuel Tombs et Oliver Allen, économistes pour Pantheon Macroeconomics. La consommation, moteur de l'économie américaine, devrait selon leur estimation avoir propulsé la croissance à 3,5% en rythme annualisé - contre 3% au deuxième trimestre et 1,6% au premier. D'autres économistes tablent sur 3%, selon le consensus de Briefing.com.
Le rythme annualisé, mesure privilégiée par les Etats-Unis, compare le produit intérieur brut (PIB) à celui du trimestre précédent puis projette l'évolution sur l'année entière à ce rythme. Quoi qu'il en soit, cette vitalité économique devrait être mise en avant par lesUSA démocrates, à l'orée de l'élection du 5 novembre et d'un duel extrêmement serré entre la vice-présidente Kamala Harris, et l'ancien président Donald Trump.
Les deux camps savent que les électeurs ont souffert de la forte inflation des dernières années, se sont inquiétés d'une potentielle récession, et espèrent désormais que le marché de l'emploi conservera sa vigueur.
Consommation
Donald Trump martèle que la situation économique du pays s'est dégradée depuis que Joe Biden lui a succédé à la Maison Blanche, et continuera de se détériorer si Kamala Harris est élue. Et il promet, s'il emporte un second mandat, de redresser la barre. Son discours semble faire mouche auprès des électeurs, dont une petite majorité lui fait plus confiance qu'à la vice-présidente (52% contre 45%) pour gérer l'économie, selon un sondage du New York Times/Siena College publié le 25 octobre.
«Si vous regardez des chiffres comme la croissance du PIB, les revenus, la consommation, ou même l'emploi, vous direz: +Mon Dieu, cette économie est vraiment en bonne santé+», a commenté Dan North, économiste pour Allianz Trade North America. «La seule chose qui détruit complètement ce discours, c'est l'inflation», a-t-il déclaré à l'AFP. Elle avait atteint un pic de 9,1% sur un an en juin 2022 -- du jamais vu depuis le début des années 1980.
Les démocrates peuvent en tout cas se targuer d'avoir échappé à une récession qui semblait inéluctable. «La résilience du marché du travail continue de soutenir les dépenses de consommation, même si les ménages puisent davantage dans leur épargne et font plus attention aux prix», a détaillé Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour Nationwide.
La consommation représente deux tiers environ du PIB de la première économie du monde.
Ralentissement en vue
Néanmoins, «la croissance va probablement ralentir fortement au cours des prochains trimestres, à mesure que les ménages auront plus de peine à consommer», avertissent Samuel Tombs et Oliver Allen. Le marché de l'emploi, en effet, ralentit progressivement, après plusieurs années de pénurie de main d'oeuvre. Les chiffres officiels d'octobre seront publiés vendredi, et le chômage devrait rester à 4,1%, mais avec des créations d'emplois divisées par deux.
La banque centrale américaine (Fed), qui a lutté contre la forte inflation en relevant ses taux, craint désormais une flambée du chômage. Sa prochaine réunion aura lieu au lendemain de l'élection, les 6 et 7 novembre. Une deuxième baisse des taux est attendue, après celle décidée mi-septembre.
Kathy Bostjancic prévoit «une modération de la croissance du PIB au quatrième trimestre, à moins de 2%, mais cela serait cohérent avec un atterrissage en douceur de l'économie», c'est-à-dire une baisse de l'inflation sans récession ni forte dégradation de l'emploi. «L'incertitude liée à l'élection pourrait réduire quelque peu les investissements des entreprises au quatrième trimestre», relève Michael Pearce, chef économiste adjoint pour Oxford Economics.
Les ouragans Hélène et Milton, qui ont touché les Etats-Unis fin septembre et début octobre, pourraient également avoir un léger impact, ajoute-t-il.