L'opposition veut accélérer la tenue d'élections anticipées après l'implosion, la veille, de la coalition gouvernementale.

La coalition entre les sociaux-démocrates (SPD) du chancelier, les Verts et les libéraux du FDP a «échoué», a constaté le chef de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) Friedrich Merz et «il n'y a aucune raison de poser la question de confiance en janvier», comme le souhaite Olaf Scholz.

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La fin du gouvernement tombe au plus mauvais moment pour l'Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle, et pour l'Europe qui s'inquiète des répercussions pour son commerce et sa sécurité de l'élection du républicain Donald Trump comme président aux Etats-Unis.

«Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d'avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois», a martelé M. Merz.

Le séisme provoqué l'effondrement de la coalition tripartite au pouvoir depuis fin 2021 à Berlin bouscule l'agenda d'Olaf Scholz. Il se rendra cependant dans la journée à Budapest pour rencontrer ses homologues européens et le président ukrainien Volodymyr Zelenski lors de réunions organisées dans la capitale hongroise.

Divergences budgétaires

La coalition gouvernementale allemande hétéroclite a volé en éclats suite au limogeage mercredi soir du ministre des Finances et chef de file des libéraux, Christian Lindner.

Ce dernier sera remplacé par un des proches conseillers d'Olaf Scholz, Jörg Kukies, un expert des questions économiques de 56 ans.

La plupart des libéraux ont quitté le gouvernement, à l'exception du ministre des Transports Volker Wissing qui a annoncé qu'il restait dans l'équipe au pouvoir et quittait son parti avec lequel il est en désaccord.

Cause de la rupture: de profondes divergences entre les deux camps sur la politique budgétaire et économique à suivre, les premiers étant partisans d'une relance de l'économie nationale en panne par les dépenses, alors que les Libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.

«Nous avons besoin d'un gouvernement capable d'agir et qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays», a plaidé le chancelier social-démocrate.

Olaf Scholz a jugé qu'il n'y avait plus «de confiance suffisante pour la poursuite d'une coopération».

Il dirige désormais un gouvernement minoritaire et espère faire adopter quelques textes de loi jugés prioritaires, en cherchant des majorité au cas par cas.

Fin de partie mi-janvier?

Quant au budget 2025, dont la préparation est à l'origine de la crise actuelle, c'est l'incertitude. Faute d'adoption au Parlement, une version minimum et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.

Le chancelier avait annoncé mercredi vouloir ouvrir la voie à des élections anticipées dans le pays en se soumettant mi-janvier à un vote de confiance, qu'il a toutes les chances de perdre.

Dans ce cas, le scrutin, initialement prévu en septembre, pourrait avoir lieu «au plus tard fin mars».

Olaf Scholz et Christian Lindner ont étalé leurs griefs par micros interposés. Christian Lindner a «trop souvent trahi ma confiance», a déploré Olaf Scholz, dénonçant un comportement «égoïste».

L'ex-ministre des Finances a reproché au chancelier d'entraîner le pays «dans une phase d'incertitude» avec une «rupture calculée de cette coalition».

Le divorce a été acté après une ultime journée de pourparlers organisés mercredi pour tenter de sauver l'exécutif dirigé par M. Scholz depuis fin 2021.

L'ombre de Trump

Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne. Mais l'équipe gouvernementale était minée depuis des mois par des dissensions sur l'économie et l'immigration, et par des querelles de personnes.

«Heureusement que c'est fini», titre jeudi le magazine Der Spiegel, résumant le sentiment général. «Une constellation composée du SPD, des Verts et du FDP n'a pas d'avenir au niveau fédéral. Pas après les probables nouvelles élections du printemps, mais pas non plus dans un avenir prévisible», estime-t-il

Olaf Scholz espérait que l'élection de Donald Trump, adepte du protectionnisme et des confrontations diplomatiques, forcerait sa coalition à serrer les rangs. Mais c'est le contraire qui s'est produit.

Si des élections devaient se tenir demain, l'opposition conservatrice arriverait en tête avec plus de 30% des voix selon les sondages, et Friedrich Merz ferait figure de favori pour devenir chancelier.

Mais il aurait du mal lui aussi à former une coalition majoritaire, avec l'extrême droite AfD en embuscade en deuxième position dans les enquêtes d'opinion.