L'ex-chancelière de 70 ans se voit aujourd'hui reprocher d'avoir laissé l'Allemagne dangereusement dépendante du gaz russe bon marché et d'avoir contribué à la montée de l'extrême droite avec sa politique d'ouverture à l'égard des migrants.
Absente du débat politique depuis qu'elle a quitté le pouvoir à la fin 2021, Angela Merkel reprend la parole au moment où l'actualité est marquée par les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, le prochain retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et la campagne électorale en Allemagne en vue de législatives anticipées en février.
Réfugiés
Jamais elle n'a été aussi attaquée que sur sa gestion de la crise migratoire, lorsqu'elle a ordonné de ne pas refouler les réfugiés arrivant aux frontières du pays en septembre 2015. Expliquer ses motivations d'alors, sa «vision de l'Europe et de la mondialisation» l'ont poussée à écrire ces mémoires, affirme-t-elle dans l'ouvrage.
En prononçant une phrase qui a fait date - «Nous y arriverons» («Wir schaffen das») -, elle a exposé «une attitude»: «là où il y a des obstacles, il faut travailler à les surmonter».
Tout en affirmant que «l'Europe doit toujours protéger ses frontières extérieures», elle souligne que «la prospérité et l'Etat de droit feront toujours de l'Allemagne et de l'Europe [...] des lieux où l'on désire se rendre».
Energie
Depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, il lui a été reproché d'avoir rendu l'Allemagne dépendante aux livraisons de gaz russes. Or, souligne-t-elle, la création du gazoduc Nord Stream 1 avait été signée par son prédécesseur, le social-démocrate Gerhard Schröder, devenu ensuite président du comité des actionnaires et du conseil de surveillance de cette société.
Pour Nord Stream 2, le second pipeline jamais entré en service, auquel elle a donné son feu vert bien après l'annexion russe de la Crimée en 2014, elle explique qu'il aurait été à l'époque «difficile de faire accepter tant en Allemagne [...] que dans nombre d'Etats membres de l'UE» l'importation d'autres combustibles plus chers.
Elle justifie également ce choix par l'abandon progressif du nucléaire, qu'elle avait décidé en 2011 dans le sillage de la catastrophe de Fukushima: «Le gaz naturel remplissait plus que jamais la fonction d'une technologie fossile de transition» en attendant que les énergies renouvelables prennent le relais.
Russie
Aucun autre dirigeant n'est autant critiqué dans ces mémoires que le président russe Vladimir Poutine, qu'elle décrit comme «un homme perpétuellement aux aguets, craignant d'être maltraité et toujours prêt à donner des coups, y compris en jouant à exercer son pouvoir avec un chien et en faisant attendre les autres».
Néanmoins, elle «continue à penser» qu'«en dépit de toutes les difficultés [...] elle a bien fait d'avoir tenu [...] à ne pas laisser les contacts avec la Russie se rompre [...] et à préserver également des liens par les relations commerciales, au-delà des avantages économiques mutuels».
«La Russie est, avec les Etats-Unis, une des deux principales puissances nucléaires mondiales» et elle voisine l'Europe, souligne-t-elle.