«Le choc de la réouverture», prévue en grande pompe le week-end des 7 et 8 décembre, sera «aussi fort que celui de l'incendie, mais ce sera un choc d'espérance», a lancé le chef de l'Etat après une déambulation retransmise en direct sur plusieurs chaînes françaises et internationales.
Lors d'un discours dans la cathédrale, il a remercié les 2000 contributeurs du «chantier du siècle», dont quelque 1300 étaient présents, selon l'Elysée, et ont vivement applaudi en retour.
«Vous avez transformé le charbon en art»
«Vous avez été les alchimistes du chantier et vous avez transformé le charbon en art», a osé le président. «Le brasier de Notre-Dame était une blessure nationale et vous avez été son remède par la volonté, par le travail, par l'engagement (...). Vous avez réussi ce qu'on pensait impossible», a-t-il ajouté, rappelant ceux qui avaient jugé «fou» ou «arbitraire» le délai fixé pour la reconstruction.
De l'émotion dans la voix, il a salué la mémoire du général Jean-Louis Georgelin, responsable de la restauration décédé en 2023.
Dirigeants étrangers invités
En mauvaise posture politiquement, Emmanuel Macron mise beaucoup sur ce rendez-vous, qu'il a érigé au rang des «fiertés françaises» avec les Jeux olympiques réussis de l'été dernier.
Il doit à nouveau s'exprimer, cette fois sur le parvis, le 7 décembre. Il a d'ailleurs invité un grand nombre de dirigeants étrangers le week-end prochain dans l'espoir d'en faire un événement planétaire, mais la liste des présents n'est pas encore connue, et le pape François a préféré se rendre en Corse une semaine plus tard plutôt qu'à Paris.
Financé exclusivement par des donations
Vendredi, il n'a pas tari de superlatifs. «Vous avez montré au monde que rien ne résiste à l'audace», «c'est une immense fierté pour la Nation tout entière», a-t-il dit aux artisans du bois, du métal et de la pierre, échafaudeurs et couvreurs, campanistes, doreurs, sculpteurs ou encore architectes.
Les mécènes étaient aussi à l'honneur, alors que le chantier du siècle, qui a coûté quelque 700 millions d'euros, a été financé exclusivement par des donations.
Profit auprès de l'opinion?
Dans ce «chantier du jamais vu», «il flottait un esprit de fraternité unique», a-t-il encore souligné. Avant d'ajouter, alors qu'une nouvelle crise politique menace: «je veux qu'il demeure, qu'il perdure».
Très présent pendant toutes les célébrations de la réouverture, Emmanuel Macron, dont la popularité est en berne, en tirera-t-il un profit auprès de l'opinion? «Les conseillers du président espèrent qu'il se relance avec Notre-Dame», mais «il n'en tirera un capital politique que sur le long terme», souffle un proche.
Pierre blonde
Avec un parcours en une dizaine de stations, du parvis à la charpente, en passant par la nef, la croisée du transept ou encore la chapelle Saint-Marcel, la visite avait été conçue pour donner à voir les principales réalisations de ce chantier titanesque. Tout un symbole, la halte à la base de la flèche, reconstruite à l'identique de celle de Viollet-le-Duc qui s'était effondrée le 15 avril 2019 en mondovision, soulevant une vague d'émotion planétaire.
«C'est sublime», s'est exclamé le chef de l'Etat en découvrant la cathédrale reconstruite. «Elle est beaucoup plus hospitalière avec cette pierre blonde», nettoyée de la saleté accumulée au fil des décennies.
La déambulation a été ponctuée par les commentaires présidentiels. «L'autel s'impose mais n'écrase pas», glisse-t-il dans la nef, «c'est une forêt véritable», «c'est incroyable cet enchevêtrement», juge-t-il sous la charpente.
Causes de l'incendie pas connues
«Vous voyez la cathédrale comme vous ne l'avez jamais vue», «cinq ans après la vision de désolation» de l'incendie, a dit Philippe Jost, le responsable de la restauration, pendant la visite. «Je me souviens comme si c'était hier de la Pietà qui seule émergeait» des débris, lui a répondu le président, accompagné de son épouse Brigitte Macron et de l'archevêque de Paris Laurent Ulrich.
Les flammes, dont les causes n'ont toujours pas été déterminées, avaient notamment ravagé la toiture et la charpente de ce chef d'oeuvre de l'art gothique du XIIe siècle, qui compte parmi les monuments les plus visités en Europe.
Note:
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