S'il s'en tient toujours à une «approche graduelle des futures baisses de taux» afin d'atteindre «de façon durable» la cible de 2% d'inflation, le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, explique aussi ne pas pouvoir s'engager «sur quand ou de quelle ampleur» l'institution assouplira sa politique monétaire en 2025, «compte-tenu de l'incertitude croissante qui pèse sur l'économie».

«Nous devons nous assurer que la cible de 2% d'inflation soit atteinte de façon durable», a-t-il réitéré dans une déclaration jointe à la décision.

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«Nous voulons mettre plus d'argent dans les poches des travailleurs, mais cela n'est possible que si l'inflation est stable et je soutiens pleinement la Banque d'Angleterre» dans ses efforts, a réagi dans un communiqué la ministre des Finances Rachel Reeves.

Après deux coupes de 25 points de base en août et en novembre, entrecoupées d'une pause en septembre, le marché avait largement anticipé que la banque centrale reprenne à nouveau son souffle en décembre.

Dans le compte-rendu de sa décision, prise à une majorité de six voix contre trois, l'institution dit surveiller les risques potentiels sur la croissance et l'inflation posés par le budget présenté fin octobre par le gouvernement travailliste de Keir Starmer, fait d'importantes hausses d'impôts et d'emprunts exceptionnels pour investir.

Elle reste également attentive à l'impact «des tensions géopolitiques», notamment au niveau commercial, référence à la menace d'une guerre sur les tarifs douaniers que Donald Trump brandit depuis l'annonce de son retour à la Maison Blanche.

«Rigidité» ___

Les préoccupations de la BoE ont été confortées par l'inflation en novembre, à 2,6% sur un an, au-dessus de sa cible de 2% et «au-dessus des précédentes estimations», relève-t-elle jeudi.

L'inflation poursuit ainsi une remontée entamée en octobre après un plus bas en trois ans enregistré en septembre.

«La rigidité de l'inflation dans le secteur des services» est un problème pour la BoE, relevait Danni Hewson, analyste chez AJ Bell, en amont de la décision.

Les inquiétudes sur l'inflation ont contribué à pousser vers le haut le coût de la dette du Royaume-Uni: les rendements des emprunts de l'Etat britannique à dix ans a grimpé jeudi à plus de 4,65%, un niveau plus vu depuis 2008, en pleine crise financière.

Avec ce maintien à 4,75%, la BoE prend le contre-pied de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a sans surprise abaissé mercredi pour la troisième fois consécutive ses principaux taux, de 25 points de base, les ramenant dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.

Mais l'attitude prudente de l'institution monétaire britannique sur les baisses à venir rejoint celle affichée par la Fed. Au début du mois, le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, envisageait initialement quatre baisses de taux en 2025.

Dans la foulée de la décision jeudi, vers 12H10 GMT (13H10 à Paris), la livre prend 0,237% face au billet vert, à 1,2604 dollar, conservant une partie de ses gains face au dollar.

Après l'avoir déjà relevé par deux fois cette année, la Banque du Japon (BoJ) a pour sa part gardé inchangé jeudi son taux directeur, à 0,25%, arguant d'«incertitudes élevées» sur l'activité.