Malgré une demande atone pour sa branche spatiale, le groupe industriel français de défense et de technologies a atteint ses objectifs financiers annuels et dégagé un bénéfice net part du groupe de 1,42 milliard d'euros (1,3 milliard de francs), a-t-il annoncé mardi dans un communiqué.
Ce chiffre marque un bond de 39% par rapport à l'exercice précédent, affecté par une charge exceptionnelle liée aux retraites au Royaume-Uni. La rentabilité opérationnelle s'est établie à 11,8%, 0,2 point de plus qu'en 2023, et conforme aux prévisions.
Les indicateurs financiers du groupe ont franchi en 2024 plusieurs seuils, dont celui des 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires (20,6 milliards, en hausse de 11,7%) et celui des 25 milliards d'euros de commandes (25,3, +9%).
Autre barre symbolique effacée: le montant du carnet de commandes, gage de l'activité future, dépassait fin décembre 2024 les 50 milliards d'euros. A 50,6 milliards, il a enregistré une progression de 12% sur un an.
«2024 a été une nouvelle année de forte croissance rentable pour Thales», a commenté son PDG, Patrice Caine, cité dans le communiqué.
Pour M. Caine, l'entreprise bénéficie par ricochet de l'«instabilité géopolitique» actuelle, dont la guerre en Ukraine, qui «bien sûr, alimente en grande partie les investissements faits par les pays dans leur défense».
Et au moment où se pose la question de son autonomie vis-à-vis des Etats-Unis, l'Europe «a les technologies nécessaires pour produire l'ensemble du spectre des équipements ou systèmes de défense dont elle a besoin», a affirmé le PDG lors d'une visioconférence de presse.
Restructuration du spatial
Quant aux capacités de production, «pour moi, elles s'ajustent naturellement - ça, c'est notre métier d'industriel - en fonction des contrats», a-t-il ajouté, alors que son entreprise a déjà anticipé «une croissance régulière des budgets» militaires dans son plan de marche.
Autre «tendance de fond», la hausse prévue à long terme du trafic aérien, censé doubler d'ici au milieu de la décennie 2040 selon les projections des constructeurs aéronautiques, dont Thales est un fournisseur.
Le groupe, également spécialiste de la cybersécurité et de plus en plus présent dans l'intelligence artificielle, profite aussi des «vents porteurs» d'un «monde de plus en plus numérique», a ajouté M. Caine.
Les ventes de la branche «défense», qui représente plus de la moitié du chiffre d'affaires du groupe, ont progressé de 13,9% sur un an en données publiées, une croissance «notamment tirée par les systèmes terrestres et aériens, à l'image des véhicules et systèmes tactiques ou des radars de surface», selon Thales.
L'activité «aérospatial», qui a crû pour sa part de 4,8% par rapport à 2023, atteignant 5,47 milliards d'euros de chiffre d'affaires, réunit deux secteurs aux destins contrastés, la construction spatiale et les équipements électroniques destinés aux avions (avionique).
Le spatial souffre face à la baisse de la demande pour les satellites européens de télécommunication, et Thales avait annoncé en mars un plan de redéploiement au sein du groupe de 1.300 postes issus de sa branche spatiale Thales Alenia Space, dont 1.000 en France.
Mardi, le groupe a évoqué «un chiffre d'affaires quasiment stable» pour cette activité mais reconnu qu'elle avait été déficitaire en raison notamment d'une «hausse des dépenses attendue en matière de recherche et développement» et des coûts de restructuration.
Les activités liées à l'avionique affichent en revanche «une marge à deux chiffres et en croissance», a souligné Thales.
Dernière des trois branches du groupe, la «cybersécurité et digital» voit son chiffre d'affaires bondir de 14,8% sur un an à 4 milliards d'euros, aidé par de récentes acquisitions.
Thales, qui avait dit en novembre tabler sur une augmentation de sa rentabilité à 13-14% à l'horizon 2028, prévoit d'atteindre 12,2 à 12,4% cette année.
L'entreprise estime que son chiffre d'affaires croîtra de 5 à 6% en 2025 pour atteindre 21,7 à 21,9 milliards d'euros, et vise des prises de commandes supérieures à cette fourchette pour l'exercice.