L'Américaine Suni Williams et son compatriote Butch Wilmore ont quitté tôt mardi la Station spatiale (ISS) à bord d'une capsule Crew Dragon de l'entreprise SpaceX du multimilliardaire Elon Musk.
Accompagnés d'un autre astronaute américain et d'un confrère cosmonaute russe, ils ont entrepris un voyage de 17 heures en direction de la planète bleue, retransmis en direct par la Nasa.
Et doivent amerrir mardi vers 18H00 locales (22H00 GMT) au large de la Floride. Après une rentrée dans l'atmosphère où le bouclier thermique de l'appareil sera mis à l'épreuve de températures extrêmement élevées, la capsule déploiera de puissants parachutes-freins qui lui permettront de ralentir et d'amerrir.
L'appareil sera ensuite récupéré par un navire et ses quatre passagers transportés en avion à Houston, au Texas où ils suivront pendant 45 jours un programme de réadaptation à la gravité terrestre, a précisé mardi la Nasa.
Initialement partis en juin pour une mission de huit jours, Butch Wilmore et Suni Williams ont vu leur séjour dans l'ISS s'éterniser en raison de défaillances détectées sur le vaisseau Starliner de Boeing qui les avait acheminés.
«Montagnes russes»
Ces problèmes techniques ont poussé la Nasa à décider de renvoyer le vaisseau à vide et à confier le retour des deux astronautes à l'entreprise SpaceX d'Elon Musk, un camouflet pour le constructeur Boeing.
S'est alors ouvert un jeu de chaises musicales: fin septembre, la Nasa et SpaceX ont envoyé dans l'espace deux personnes seulement au lieu des quatre prévues, afin de laisser des sièges libres pour Butch Wilmore et Suni Williams au retour.
Ces derniers attendaient depuis l'arrivée de la prochaine rotation de l'équipage de l'ISS, prévue initialement pour février puis retardée à mi-mars, afin de quitter le laboratoire spatial.
Pendant leurs neuf mois à bord de l'ISS, Suni Williams et Butch Wilmore ont pris part à de multiples expériences. «Chaque jour est intéressant», avait assuré début mars la première, expliquant que l'attente était surtout difficile pour leurs familles respectives, pour qui c'était «les montagnes russes».
«Nous nous étions préparés à rester longtemps, même si nous ne pensions rester que très peu», avait lui abondé son collègue Butch Wilmore. Malgré leurs plus de 280 jours consécutifs dans l'espace, les deux Américains sont encore loin de battre un record.
Polémique
Dans les années 1990, le cosmonaute russe Valeri Polyakov avait passé plus de 400 jours à bord de la station spatiale Mir. Et plus récemment, l'astronaute américain Frank Rubio était resté 371 jours dans l'ISS, également en raison d'un problème sur son vaisseau.
Toutefois le périple de Suni Williams et de Butch Wilmore, qui ont notamment manqué dans un premier temps de vêtements de rechange, a suscité une sympathie et un intérêt particuliers.
Tous deux «ont fait preuve d'une incroyable résilience», souligne auprès de l'AFP Joseph Keebler, psychologue à l'université aéronautique américaine Embry-Riddle.
D'autant qu'à la longue durée de leur séjour s'est ajoutée une médiatisation inédite et plus récemment, une polémique politicienne, le président Donald Trump accusant son prédécesseur Joe Biden d'avoir volontairement «abandonné» les deux infortunés.
«Ils ont honteusement oublié les astronautes, parce qu'ils considéraient que c'était un événement très embarrassant pour eux», a-t-il lancé lundi sur son réseau Truth Social, assurant avoir repris les choses en main «avec Elon».
Désormais proche conseiller du républicain, Elon Musk a lui assuré qu'il aurait pu les secourir il y a longtemps, sans toutefois préciser comment.
Des accusations qui ont suscité un tollé dans la communauté spatiale et même conduit à une altercation entre l'homme le plus riche du monde et un astronaute danois. «Vous êtes complètement attardé», avait ainsi lancé fin février M. Musk à l'égard du second, qui l'accusait de mentir.