A l'inverse, sous pression, le won sud-coréen a glissé à son plus faible niveau depuis 16 ans, et la roupie indonésienne à un plus bas historique.

Les Bourses asiatiques replongent, l'escalade sino-américaine en vue

L'indice vedette Nikkei a terminé sur un plongeon de 3,93% à 31'714,03 points, et l'indice élargi Topix a perdu 3,40% à 2349,33 points.

La Bourse de Séoul a chuté de 1,73%, celle de Sydney de 1,80%. Taipei a dévissé de 5,8%. Vers 06H40 GMT, Jakarta cédait 0,3%.

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Les prudents rebonds de la veille ont été balayés par un regain de nervosité, dans le sillage des fortes baisses enregistrées à Wall Street et surtout face à l'entrée effective des surtaxes douanières américaines.

Les Etats-Unis imposent depuis 04H01 GMT mercredi des majorations douanières à des dizaines de partenaires commerciaux, notamment en Asie, avec un taux total monumental de plus de 100% pour la Chine.

De quoi concrétiser une escalade entre les deux puissances, Pékin ayant décidé en représailles de taxer les produits américains dès jeudi à hauteur de 34%.

«Les Etats-Unis ont entamé des négociations commerciales avec l'Inde, la Corée du Sud et d'autres pays», mais dans l'immédiat, «la Chine a clairement exprimé sa position offensive, et les inquiétudes se déplacent vers ce conflit commercial sino-américain», observent les experts de Tokai Tokyo Intelligence.

Signe de fébrilité ambiante, l'indice de volatilité Vix, surnommé «indice de la peur», évolue à New York à des niveaux plus vus depuis la pandémie de Covid-19.

«Le rebond en Asie hier? Evanoui (...) Toute illusion de répit vient d'être anéantie» avec l'escalade sino-américaine, «réduisant à néant ce qui restait d'appétit pour le risque et plongeant les marchés dans une panique généralisée», commente Stephen Innes, de SPI Asset Management.

«La seule question est: Trump est-il vraiment prêt à déclencher une récession mondiale juste pour redessiner la carte du commerce ? On est en plein brouillard», déplore-t-il.

Or, outre l'impact direct des droits de douane imposés par Washington aux économies asiatiques, l'assombrissement de la conjoncture mondiale pèsera également.

«Si les Etats-Unis entrent en récession, les bénéfices des entreprises japonaises se détérioreront encore plus», prévient Mitsushige Akino, d'Ichiyoshi Asset Management, cité par Bloomberg.

Les places chinoises étaient contrastées: à Hong Kong, l'indice Hang Seng reculait de 0,55% à 20'012 points.

Mais l'indice composite de Shanghai a grimpé de 1,31% en clôture et celui de Shenzhen de 1,77%, soutenus solidement par les banques et firmes d'investissement étatiques aiguillonnées par Pékin.

Le pétrole chute de 4%, craintes sur la demande

Les cours du pétrole ont chuté de 4% dans les échanges asiatiques, à leurs plus bas niveaux depuis quatre ans, sur fond d'inquiétudes pour la solidité de la demande mondiale.

Vers 07H00 GMT, ils modéraient leurs pertes: le baril de WTI américain lâchait 2,74% à 57,94 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 2,56% à 61,21 dollars.

Won sud-coréen au plus bas depuis 2009, le yuan affaibli

Autres signes d'une vive aversion pour le risque, des devises asiatiques boudées par les investisseurs s'effondraient à des niveaux inédits depuis des années.

La monnaie sud-coréenne a trébuché à son plus faible niveau face au dollar depuis 2009 et la crise financière mondiale, à 1487,45 wons pour un dollar, alors que la Corée du Sud est très dépendante des exportations.

La roupie indonésienne a glissé à son plus bas niveau historique face au billet vert.

De même, le yuan offshore, qui circule hors de Chine continentale, est tombé à 7,4290 yuans pour un dollar, plus bas historique depuis 2010, date à partir de laquelle il peut s'échanger.

Et la banque centrale chinoise (PBOC), qui encadre les échanges sur la devise, a encore abaissé mercredi son taux de change de référence du yuan -signe selon des analystes que Pékin pourrait tolérer une dépréciation afin de soutenir ses exportations, au risque de déclencher une bataille de devises.

Valeurs refuges: yen, or et obligations choyés

La monnaie japonaise, considérée comme un refuge, bondissait de 0,95% vers 07H00 GMT, à 144,89 yens pour un dollar, tutoyant ses plus hauts niveaux depuis octobre 2024.

Et l'or, valeur refuge par excellence face aux incertitudes, se renforçait de 2% à 3.044 dollars l'once.

Enfin, signe de l'appétit pour les obligations souveraines sûres, les taux des emprunts d'Etats à 10 ans américains et japonais continuaient de reculer fortement.