Dans la surenchère des foires d’art, qui foisonnent sur la planète aujourd’hui, il en est une particulièrement chère au cœur des collectionneurs et amateurs d’œuvres. Il s’agit de la Brafa (pour Brussels Antique and Fine Arts Fair), qui se déroule chaque début d’année depuis bientôt soixante-cinq ans (du 26 janvier au 2 février 2020). L’ancienne Foire des antiquaires de Belgique a su, au fil du temps, gagner ses lettres de noblesse tout en entamant une mue en douceur où le mélange des genres règne en maître.
Peinture et sculpture modernes côtoient bijoux, porcelaine, mobilier, tapisserie, argenterie et cadres anciens ou encore art tribal et planches originales de bandes dessinées, le tout soigneusement authentifié au préalable par une centaine d’experts internationaux.
Conviviale et grand public
«Les arts contemporains sont très présents, mais ce n’est pas uniquement à la Brafa, c’est l’évolution du marché de l’art au niveau mondial. Il y a malheureusement de moins en moins de galeristes spécialisés en mobilier et tableaux anciens. La Brafa met tout en œuvre pour garder ce rendez-vous comme le plus éclectique et qualitatif possible», relève Béatrix Bourdon, directrice générale de la manifestation.
Un équilibre entre les époques qui a trouvé son public. En janvier de cette année, quelque 66 000 visiteurs se sont rendus dans les bâtiments de Tour & Taxis, un ancien site industriel restauré dans le quartier nord de Bruxelles considéré comme un «bijou du patrimoine industriel belge». Et si les éditions précédentes mettaient à l’honneur tour à tour musées, fondations et artistes internationaux – Gilbert & George, le célèbre couple de plasticiens et photographes anglais en 2019, et Christo, connu pour ses emballages grandeur nature de monuments historiques en 2018 –, la Brafa a décidé d’innover l’an prochain.
«Nous allons proposer une initiative inédite: une vente de charité caritative de segments originaux du mur de Berlin, dont le 30e anniversaire de la chute a été célébré le 9 novembre dernier. Ils ont été démantelés par les forces armées de l’ex-RDA et ont ensuite été acquis et réutilisés par une entreprise de travaux publics en périphérie berlinoise», précise Béatrix Bourdon.
Sept galeristes suisses
Côté exposants, 133 galeristes, issus de 14 pays, ont répondu présent à cette 65e édition. Parmi eux, sept galeries suisses, la plupart genevoises. Habituées à participer à des foires d’art internationales, celles-ci apprécient tout particulièrement l’atmosphère conviviale que l’on trouve à la Brafa. «Cela fait plusieurs années que nous y exposons, note Clara Al Sidawi, manager de Bailly Gallery, à Genève, spécialisée dans l’art moderne et d’après-guerre. L’ambiance à la Brafa est à la fois chic, familiale et décontractée. Les Belges étant de grands collectionneurs, c’est aussi pour nous une belle occasion de faire des ventes, ainsi que de nouer des contacts en vue du Tefaf (The European Fine Art Fair) de Maastricht, qui a lieu en mars.»
Un avis partagé par le Genevois Simon Studer, qui participait cette année pour la première fois à la Brafa: «Le public belge est très collectionneur et chaleureux, note-t-il. Il vous pose des questions et se montre enthousiaste, ce qui n’est pas forcément la norme dans les foires d’art.» «La Brafa attire des curateurs de musées, de vrais collectionneurs passionnés, des amateurs d’art et une nouvelle génération de jeunes et futurs collectionneurs, appuie Béatrix Bourdon. Notre différence, par rapport à d’autres foires, c’est que nos exposants présentent des œuvres et objets de grande qualité pour tous les publics, dont les prix varient de quelques milliers d’euros à des montants à sept chiffres, ce qui nous permet de toucher un public très large.»