Son parcours professionnel
Cette docteure en stratégie et management des organisations est devenue en 2013 directrice financière des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), où elle avait précédemment occupé diverses fonctions. «Je n’avais pas d’expérience en ingénierie financière mais les problématiques à gérer étaient de l’ordre managériale. Soit mettre en place des services performants et optimiser les processus.» Cette expérience, «très transversale», et sa connaissance approfondie du milieu hospitalier lui ont fait gagner un temps précieux dans sa fonction actuelle de présidente du Conseil d’Etablissement de l’Hôpital Riviera Chablais, avoue-t-elle.
Appréhender la complexité
«Pour moi, on ne peut diriger correctement les finances d’une entreprise sans en connaître les activités en profondeur», déclare Brigitte Rorive Feytmans. Il faut dire qu’elle officie dans un milieu extrêmement complexe. «Un hôpital, c’est comme une petite ville, avec des entreprises dans une entreprise. Pas moins de 180 différents métiers se côtoient, qui vont du personnel soignant aux professions de l’hôtellerie et de la restauration en passant par les professions techniques.» D’où la difficulté à faire exister une culture d’entreprise unifiée.«En tant que CFO, il faut avoir la capacité à appréhender la complexité.»
La gestion des coûts de la santé
Loin d’être effrayée par cette complexité, Brigitte Rorive Feytmans n’a pas peur non plus des secteurs en crise. Car outre la pandémie, le domaine de la santé subit depuis des décennies une hausse des coûts, en moyenne de 4% par an. Améliorer les résultats et l’efficience, par exemple en traquant toutes les sources de gaspillages - qui pourrait permettre des économies de l’ordre de 20% selon l’OCDE -, tout en gardant en tête la mission principale des hôpitaux, à savoir prendre soin des patients et des employés, c’est ainsi que cette «gestionnaire de crise» définit son ancien poste de CFO.
Où sont les femmes?
Les femmes sont peu nombreuses dans les fonctions dirigeantes des hôpitaux. «Il n’était pas rare que je me retrouve la seule femme à des réunions de CFO d’hôpitaux universitaires ou à d’autre séances de direction. Il serait temps que l’on féminise les directions hospitalières, surtout dans les milieux universitaires. On sait que le monde académique est encore plus en retard en ce qui concerne l’accession à des postes plus élevés. Pas mal de jeunes femmes me contactent sur les réseaux sociaux et me disent que c’est motivant de voir que des femmes peuvent aussi y arriver. Moi qui suis d’une génération qui devait prouver qu’on pouvait faire aussi bien que les hommes, en mettant les bouchées doubles, je me dis c’est tant mieux si je peux les aider à prendre confiance en elles», relève Brigitte Rorive Feytmans.