Facture d’électricité, que finance le tarif d'utilisation du réseau ?

Qu’est-ce que le timbre ? À quoi sert-il ? Et que permet de financer précisément cette partie de la facture d’électricité ? Autant de questions légitimes pour les consommateurs qui voient leur facture augmenter depuis 3 ans. Le timbre constitue une composante de la facture d’électricité qui mérite une grande attention, en particulier dans le contexte énergétique actuel. En effet, en raison de la décentralisation de la production, en grande partie par la multiplication des installations solaires qui participent à la production, le réseau électrique est en pleine mutation. Pour les GRD, ce contexte implique des travaux d’entretien et d’adaptation de grande envergure. Des projets essentiels, dont la majorités sont financés par le timbre. Concrètement, on peut résumer cette tranche de la facture comme étant la part financière nécessaire à l’acheminement de l’électricité à travers le réseau, et donc à l’entretien et au développement de ce dernier.

Au niveau financier, le timbre est calculé annuellement par les GRD en se basant sur l'ensemble des coûts d'infrastructure, de maintenance et d'exploitation du réseau. Ces coûts sont ensuite répartis équitablement entre les consommateurs finaux, conformément à la législation en vigueur. Le prix d'acheminement est régulé de manière stricte, les GRD étant limités par la loi dans les coûts qu'ils peuvent imputer au réseau et sont surveillés par les autorités compétentes. Grâce au timbre, les GRD peuvent investir continuellement dans la modernisation des infrastructures du réseau pour assurer une distribution fiable et efficace de l’électricité. On peut avoir tendance à l’oublier tant il paraît logique d’avoir du courant lorsque l’on branche son téléphone pour le recharger ou que l’on allume la lumière, mais derrière ces gestes anodins se cachent toute une chaîne d’actions complexes et des métiers-clés.

Incitée par les impératifs de la transition énergétique, l’installation de panneaux photovoltaïques - et la décentralisation de la production qui en découle - génère un impact complexe pour les GRD. En effet, dans une logique d’autoconsommation, cette dynamique a tendance à augmenter le prix du timbre. Car en consommant directement sa propre électricité photovoltaïque, on utilise du courant n’ayant pas transité par le réseau, qui s’avère donc exempt du timbre. Pour les GRD, cela implique alors de devoir l’augmenter pour garder le même niveau de rentrées financières et éviter une diminution des recettes nécessaires à l’entretien du réseau. En particulier au moment même où ce type de travaux s’avèrent essentiels, et cela dans des proportions des plus significatives. À noter aussi que la multiplication des panneaux implique des renforcements réseau pour absorber la réinjection dans le cas où l'autoconsommation n'est pas suffisante.

« Ce qui explique notamment la stratégie d’investissement très calculée et responsable que nous adoptons en continu », explique François-Xavier Lecomte, responsable du groupe gestion opérationnelle chez Romande Energie. « Avant de nous lancer dans des travaux conséquents, nous cherchons d’abord à comprendre le plus finement possible le réseau et son évolution afin d’optimiser son dimensionnement. D’où l’utilisation de plus en plus répandue de compteurs intelligents, qui nous permettent d’obtenir des données-clés quant à la dynamique du réseau. En tant que GRD, notre rôle et notre positionnement consistent aussi et surtout à répercuter le moins possible ces charges sur les clients et les consommateurs finaux. »

Sur le terrain, Romande Energie mène différentes actions visant à adapter le réseau à ces impératifs durables et financiers. Nous vous proposons de découvrir deux projets représentatifs de ces démarches réalisées grâce au timbre.

1. Rénovation du poste électrique de Lucens

Datant de 1960, les installations de ce poste de haute et moyenne tension nécessitaient un renouvellement complet. Le site-clé, qui alimente 8’800 clients, a notamment bénéficié de la construction d’un nouveau bâtiment et d’un système d’isolation au gaz (GIS) permettant d’isoler l’installation électrique en intérieur de manière plus écologique. Habituellement, pour ce type d’installations, on utilise du SF6, un gaz artificiel considéré par le Protocole de Kyoto comme étant le plus puissant gaz à effet de serre. Suite à une étude de faisabilité menée sur site par un spécialiste externe, il a été convenu d’adopter une solution plus durable - appelée g³, proposée par General Electric - réduisant de plus de 99% l’équivalent CO2 de l’installation. Un choix décisif en matière de développement durable qui marque un tournant chez Romande Energie en faveur d’installations de haute et moyenne tension plus écologiques. Les cellules moyenne tension sont quant à elles isolées avec de l’air.

2. Protection avifaune des supports moyenne tension

Consciente de son impact sur la faune locale, Romande Energie a en outre adopté une stratégie visant à protéger les oiseaux qui viennent se percher sur certains de ses supports électriques dangereux. Depuis quatre ans, une démarche préventive allant au-delà des obligations légales en la matière est ainsi déployée sur le terrain pour réduire au maximum les dangers d’électrocution pour les oiseaux de moyenne et grande envergure. Concrètement, Romande Energie a installé des protections sur les zones présentant un risque d’électrocution tout en définissant un cadre précis relatif au besoin de sécurisation des équipements aériens, notamment ceux situés à proximité des sites de reproduction d’oiseaux comme les cigognes, les hiboux ou encore les grands-ducs ainsi que ceux qui se trouvent dans une région proche d’un axe de migration. Une stratégie qui, en cas de travaux de maintenance des lignes moyenne tension, garantit l’engagement de Romande Energie à installer une protection avifaune si l’analyse demande un changement du support et que la configuration de son équipement est à risque. Aujourd’hui, plus de 200 supports aériens sont protégés grâce à cette mesure.

On l’aura compris, l’entretien et le développement du réseau, à l’aune des nouvelles pratiques décentralisées et des défis durables qui caractérisent le contexte actuel, nécessitent une approche solidaire et responsable. Cette dernière doit ainsi reposer sur des apports financiers répartis de la manière la plus équitable possible pour éviter que les consommateurs finaux voient trop leurs frais augmenter. En même temps, il s’agit aussi de les impliquer dans les efforts déployés sur le terrain par les GRD pour leur offrir un confort d’utilisation tout en garantissant en continu la sécurité de l’approvisionnement. 

En tant que source d'information, le blog de Romande Energie offre une diversité d'opinions sur des thèmes énergétiques variés. Rédigés en partie par des indépendants, les articles publiés ne représentent pas nécessairement la position de l'entreprise. Notre objectif consiste à diffuser des informations de natures différentes pour encourager une réflexion approfondie et promouvoir un dialogue ouvert au sein de notre communauté.