- En se basant sur l'intelligence collective, la Fresque de la construction crée une dynamique collaborative, qui aide à comprendre les impacts environnementaux et identifier les actions concrètes pour les réduire.
- Romande Energie utilise, entre autres, la Fresque de la construction pour sensibiliser et éduquer sur les enjeux de la transition énergétique, tout en s'engageant dans la décarbonisation du territoire romand.
- L'initiative de Romande Energie a nécessité une adaptation des contenus (normes, cadre légal, forme d’habiter, etc.) de la Fresque de la construction, créée en France, au contexte suisse.
À la faveur de la transition énergétique, nos bâtiments se parent de panneaux solaires et de pompes à chaleur et deviennent producteurs et consommateurs d’énergie renouvelable. Le mariage de l’énergie et de la pierre semble acté. Ainsi, des acteurs comme REM, qui fédère l’écosystème immobilier romand, et Romande Energie, énergéticien qui souhaite participer à la décarbonisation du territoire romand, ont des points communs évidents. Et la situation ne date pas d’hier, comme le précise Géraud De Laval, développeur informatique et innovation au sein de RE Ventures, un incubateur de Romande Energie (en partenariat avec l’EPFL). « La question du bâti fait partie intégrante de mes activités depuis sept ans. Il faut savoir qu’une grande partie des produits à destination des acteurs de l’immobilier vient des équipes innovations, qui cherchent à comprendre les besoins et évolutions du marché en termes de solutions énergétiques ».
La Fresque de la construction est pour Romande Energie un support pertinent, comme l’explique Edgar Haldimann, responsable du segment des acteurs de l’immobilier. « Cet atelier permet d’identifier des leviers d’action à disposition et de rencontrer d’autres actrices et acteurs qui veulent agir. Il apporte des connaissances qui permettent à toutes les parties prenantes de comprendre le contexte global. » Durant environ 3 heures, la Fresque de la construction s’appuie sur l’intelligence collective pour faire ressortir les impacts multiples de la construction, et identifier les actions pour réduire ces impacts.
Cantons, communes, entreprises de construction, architectes, ingénieurs : l’outil est destiné à toutes celles et ceux qui jouent un rôle dans la transition vers un bâti durable ou qui veulent comprendre les leviers disponibles.
Un « fresqueur » (nom donné à l’animatrice ou l’animateur de la session) distribue initialement 42 cartes, sur lesquelles sont inscrites des informations tirées, entre autres, des rapports du GIEC et de l’OFEN. On y trouve une multitude d’aspects liés à l’acte de construire, comme les matériaux, l'architecture, l'aménagement du territoire, les normes ou encore les occupantes et les occupants, pour ne citer que ces catégories. Les participantes et participants lisent tour à tour les cartes à haute voix, avant de les déposer sur la table devant eux, non sans tenter de les regrouper de manière logique. Et il y a autant de tables que de logiques, ce qui ne manque pas de générer autant de discussions que de personnes présentes. Après 1h30, toutes les cartes sont sur la table. Vient le moment de tracer les interactions, les liens de cause à effet, avant d’identifier les leviers d’action possibles dans les activités professionnelles respectives.
Last but not least, un lunch ou un apéro clôt l’atelier. C’est là qu’on débriefe, qu’on partage les ressentis. Pour Géraud De Laval, c’est « un moment précieux d’échanges avec nos partenaires qui veulent agir, une occasion unique de mieux comprendre les besoins et les opportunités possibles. » Edgar Haldimann relève également les échanges porteurs et constructifs que permet la Fresque. « Des personnes ayant vécu des apprentissages similaires sont réunis et manifestent la volonté d’aller plus loin, ensemble. On sent vraiment une émulation qui se crée et qui apporte du positif à la société. Cet atelier ne génère pas la même capacité à se mettre en action que lors d’un networking. »
Le premier pas remonte à décembre 2022, lorsque l’ancienne responsable de la durabilité, Audrey Cauchet, invite Guillaume Menet, président de l’association de la Fresque de la construction (France), à venir animer un atelier. Il accepte et se rend dans les locaux de Romande Energie à Morges. Une vingtaine de personnes (internes et externes à Romande Energie) acceptent de tester l’approche. Très vite, on réalise que le contenu des cartes pensé pour le contexte français doit être adapté à la réalité suisse. C’est Mylène Cuisenier, stagiaire en durabilité, et Géraud De Laval qui se chargent du travail de traduction. Ce dernier explique : « Il a fallu chercher, puis adapter les données et les informations par rapport au contexte Suisse. Par exemple, le cadre légal français est différent, les copropriétaires sont nombreux en France alors qu’en Suisse on trouve plus de bâtiments avec des mono-propriétaires. » Après validation des nouveaux contenus par l’association de la Fresque de la construction, Romande Energie enchaîne avec trois nouveaux ateliers, qui lui permettront d’adapter plus finement la formule.
En septembre 2023, le contenu est adapté, testé et validé. Guillaume Menet fera un nouveau passage en Suisse pour former une dizaine de « fresqueurs » (soit les animateurs), dont huit collaborateurs de Romande Energie. C’est en mars 2024, et en partenariat avec REM Real Estate Meeting, que la première Fresque est officiellement proposée à un public composé uniquement de professionnelles et professionnels. « C’est un outil éducatif essentiel pour comprendre l’écosystème et les enjeux de la décarbonisation, explique Géraud De Laval. Et Romande Energie souhaite apporter sa contribution éducative, à l’interne comme à l’externe. »
« Le croisement de perspectives permet le passage à l'action »
Quelques questions à Edgar Haldimann, responsable du segment des acteurs de l’immobilier (segment manager immobilier), et Géraud De Laval, senior innovation & strategy developer au RE Ventures à l’EPFL. Tous deux ont participé à la création de la Fresque de la construction, version Suisse.
Quel est selon vous l'intérêt d’une Fresque de la construction, qu’apporte-elle aux participantes et aux participants ?
Edgar Haldimann (EH) : Que les personnes soient très informées ou non, elles repartent avec des connaissances supplémentaires. Il est également possible de cerner les rôles et les possibilités d'agir, ce qui favorise une mise en œuvre des actions. Les leviers se trouvent en fait dans les interactions entre les cartes. Lors de l’événement REM en mars dernier, j'ai été frappé par les nombreuses anecdotes qui se partageaient, et par les apprentissages durables mais invisibles révélés par la Fresque, comme les techniques pour lutter contre la sur-chaleur ou l'utilisation de la terre crue dans les projets de construction. Il y a un grand savoir-faire qui émerge et qui est disponible autour des tables. Les échanges permettent ensuite de pousser ces sujets plus loin et de construire cette connaissance collective.
Géraud De Laval (GDL) : Les échanges lors des ateliers sont effectivement riches en retour et partage d’expériences. Les personnes présentes apprécient de voir ce qui fonctionne ou pas, et ces échanges sont précieux pour mes collègues et moi. De plus, participer à une Fresque permet de constater que d'autres sont déjà en mouvement et que c’est faisable d’évoluer. En fait, ça tire tout le monde vers l’avant.
En tant qu’organisateur et/ou animateur de la Fresque, qu’avez-vous appris ?
(EH) : J’ai trouvé particulièrement intéressant le mélange entre les connaissances et les croyances personnelles, et le rôle professionnel qui permet d'identifier les leviers d’action. J’aime ce moment où chacun se pose la question de sa sphère d’influence, car la définir, c'est voir aussi où se situent les autres avec qui tu viens d'échanger pendant 1h30. Cela permet de comprendre comment travailler ensemble pour faire bouger les choses et les potentialités de mise en œuvre sont alors beaucoup plus grandes. Dans l'idéal, il faudrait organiser une Fresque avant chaque projet de rénovation pour aligner les objectifs et les méthodes de travail.
(GDL) : Il y a deux aspects, l’animation et la connaissance. Au niveau de l’animation, j’ai constaté que chaque table a une dynamique et une énergie différentes, et qu’il est important de bien accompagner les discussions, les laisser s'ouvrir, mais aussi savoir les recadrer. Au niveau de la connaissance, l’apprentissage des contenus a été énorme depuis décembre 2022. La Fresque nous a permis d’acquérir de nouvelles compétences, d’élargir notre réseau, d’approfondir notre compréhension du sujet et de favoriser les bonnes relations avec les clients, mais aussi entre collègues.
Quelle est la suite ?
(GDL) : Nous avons déjà reçu des demandes pour l’organisation de Fresques. En parallèle, nous continuons à développer le modèle. Par exemple, et comme l'a mentionné Edgar plus haut, pourquoi ne pas organiser des Fresques au début des travaux de rénovation, pour poser des bases de connaissances communes ? Il est par ailleurs essentiel de continuer à former l’équipe d’animation pour déployer davantage de Fresques, car plus il y aura de fresqueuses et de fresqueurs formés, plus ces ateliers se multiplieront.
Le mot de la fin est pour vous…
(EH) : En matière de climat, regarder les faits de manière factuelle peut être déprimant. Ce qui est intéressant avec la Fresque, c’est qu’elle ne se contente pas de constater la situation et les difficultés à inverser les tendances, mais elle donne aussi un élan humain et génère une connexion avec d’autres personnes. Ce croisement de perspectives favorise le passage à l'action. La Fresque amène ce narratif nouveau : oui la situation n’est pas rose, mais oui, on peut agir ensemble et ne pas rester immobilisés dans nos rôles. Cela nourrit en moi un certain courage et c’est stimulant de voir les perspectives positives et les solutions concrètes émerger.
(GDL) : Le bâtiment est central dans nos vies : on y vit, on y travaille, on s'y divertit. Il a un impact énorme sur le dérèglement climatique, et c’est un des rares domaines pour lesquels les solutions sont connues. La Fresque de la construction permet de se mettre d'accord sur ces solutions et de comprendre les enjeux, ensemble. Si on parle la même langue et qu’on comprend les mêmes choses, c’est beaucoup plus facile d’avancer. On repart de la Fresque avec des connaissances supplémentaires, des moyens d’actions et de nouvelles relations professionnelles. Si après ça on n'agit pas, c'est qu'on ne le veut pas vraiment !
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Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.