En septembre dernier, le peuple suisse acceptait timidement la réforme de l’AVS 2021, mettant ainsi un terme aux multiples échecs de réforme et de révision initiées depuis 1995. L’âge de référence pour le départ en retraite est désormais uniformisé à 65 ans pour hommes et femmes et de nombreuses mesures visant à flexibiliser le départ à la retraite, ainsi qu’à soutenir le maintien de l’activité après 65 ans, sont mises en place. Un pas a été franchi dans le premier pilier de la prévoyance et on ne peut qu’espérer qu’il en sera de même pour le deuxième pilier puisque l’augmentation de l’espérance de vie, associée à la baisse des rendements réalisés sur les marchés, mettent le système de la prévoyance professionnelle sous pression.
Le projet de réforme soumis au Conseil fédéral, issu d’un compromis trouvé par les partenaires sociaux, actuellement débattu et retravaillé au sein des Chambres fédérales, devra permettre de réduire le phénomène des subventionnements croisés et de sauvegarder le principe de capitalisation prévalant dans le deuxième pilier. Point n’est besoin d’être actuaire pour comprendre qu’au moyen d’un capital identique à l’âge de la retraite, le montant de la rente de vieillesse ne peut pas être le même si celle-ci doit être versée durant 15, ou durant 19 ans, surtout si le rendement obtenu avec ce capital est toujours moins élevé. Ce qui s’impose comme une évidence peine toutefois à trouver écho au sein de notre démocratie semi-directe. Ainsi, les institutions de prévoyance continuent de verser des rentes de vieillesse à des bénéficiaires dont l’entier du capital accumulé durant la phase active a déjà été intégralement épuisé. Or, ce principe de répartition est étranger au système du deuxième pilier et se fait au détriment des porteurs de risque, soit des employeurs affiliés et des assurés actifs.
Une baisse du taux de conversion apparaît comme une nécessité, mais elle doit impérativement être accompagnée d’une optimisation du processus d’épargne, afin de maintenir un taux de remplacement correct dans le système de la prévoyance professionnelle. Ayant également pour vocation d’améliorer la prévoyance des personnes au taux d’activité et au salaire moins élevés, cette réforme s’impose comme une nécessité. Le Parlement et le peuple ne peuvent pas l’ignorer.