Gérald Mayoraz : Incontestablement. L’approche d’entreprises émettrices de CO2 a été prise en compte dans la qualité de la note ESG des portefeuilles. C’est ainsi que l’on distingue les entreprises à fortes émissions de CO2 qui ont une intention claire de transition par rapport à celles qui n’en ont pas. Plutôt que de simplement vendre une entreprise émettrice de CO2, nous allons analyser ses intentions et voir si l’entreprise possède un plan de désinvestissement des énergies fossiles ou d’amélioration de son business modèle en termes d’émissions. Ce suivi s’effectue sur le moyen terme et en cas d’évolution en divergence avec les intentions annoncées, l’entreprise est alors vendue.
Oui. Notre charte chapeaute les critères définis par le conseil de fondation, mais nous donnons ensuite au gestionnaire de fortune les moyens d’implémenter cette charte de manière intelligente et qui lui permette de suivre au plus près le portefeuille dont il a la responsabilité.
La situation est plutôt bonne, même si elle est aussi paradoxale. Les taux de chômage sont relativement bas, la consommation est plutôt soutenue, les taux d’intérêt ont stoppé leur progression, certaines banques centrales ayant d’ailleurs déjà entamé des baisses, y compris en Suisse en mars et en juin. Même si ce n’est pas encore le cas aux Etats-Unis où l’économie se comporte mieux qu’attendu, la banque fédérale américaine devrait suivre cet été. Les rendements obligataires sont corrects, de même que les progressions bénéficiaires des entreprises.
L’année 2023 a été bonne avec une performance de 5%, qui nous positionne bien par rapport au reste du marché. 2024, du moins pour l’instant, continue sur la lancée. Je disais que ce constat est assez paradoxal puisque, en même temps, le niveau d’incertitude géopolitique a rarement été aussi élevé. « Acheter au son du canon, vendre au son du violon », dit-on. Notre stratégie de placements est solide, diversifiée, ce qui nous permet d’investir à la fois dans des actifs comme l’infrastructure, les placements à impact comme la micro-finance, ainsi qu’en private equity afin de trouver des entreprises qui sont impactantes au niveau de la transition énergétique. Dans le même temps, nous réussissons à obtenir un rendement de qualité sur les actifs plus traditionnels.
Ces 25 dernières années, les demandes d’investissement en matière d’armement ont été très faibles en Europe. Aujourd’hui, l’industrie d’armement européenne, en reconstruction, n’est pas significative en termes d’emploi et de bénéfice global. L’innovation, la résilience et l’agilité des entreprises, la modification du cadre de travail ainsi que l’utilisation des nouvelles technologies sont beaucoup plus impactantes sur l’économie qu’une course aux armements.
J’imagine que oui. Les spreads de crédit ne montrent pas de stress particulier, l’évaluation des marchés, bien que riche, est justifiée par l’attente des bénéfices futurs et le prix de l’énergie est en baisse notable. Ce qui trouble un peu le tableau est la concentration excessive de la hausse des marchés sur quelques entreprises seulement (la capitalisation boursière de Nvidia a par exemple dépassé au mois de juin l’entier de la capitalisation cumulée des entreprise françaises et allemandes cotées), et l’or, qui est à son plus haut historique, ce qui tendrait à démontrer qu’il existe bel et bien une recherche de valeur refuge. Cela dit, nous sommes dans une année très indécise au niveau politique en Europe et aux Etats-Unis. Les périodes d’élection dans les grandes puissances sont toujours synonymes d’incertitudes à court terme.
Pas vraiment. Un durcissement des relations commerciales et politiques avec la Chine est à prévoir en cas de victoire des Républicains, mais ce pays est trop important pour pouvoir l’ignorer complètement. Le risque principal reste une polarisation extrême des pouvoirs politiques dans les pays développés. Si l’on cite Antonio Gramsci « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaitre, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres », on peut se faire peur. Mais je gage que ce nouveau monde est prêt à éclore, et la prise de conscience des enjeux climatiques et énergétiques, accompagnés par des évolutions technologiques remarquables, devrait être un catalyseur important pour un avenir plus serein.
Pour la 1ère fois, le Groupe Mutuel publie un rapport de durabilité dans le but de rendre visible sa politique sociétale. L'objectif est de garantir de la transparence sur les questions environnementales, sociales, de personnel et du respect des droits humains. Ce rapport, portant sur l’année 2023, constitue un état des lieux de l’engagement du Groupe Mutuel en matière de durabilité et le point de départ de la stratégie et du plan d’action à venir.
Après avoir travaillé à Genève, Zurich et Toronto dans le domaine bancaire de l'asset management, Gérald Mayoraz est revenu dans son Valais natal. Titulaire d'un diplôme fédéral d'analyste financier et de gestionnaire de fortune, il est actuellement CEO de Groupe Mutuel Asset Management SA, société dédiée à la gestion de fortune des entreprises du Groupe Mutuel. A ce titre, il conduit le département de gestion des capitaux de l'entreprise.
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