Madame Fässler, dans les médias, on lit et on entend régulièrement que les burnouts sont très répandus en Suisse et qu’ils n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières années. Qu’entend-on par un burnout?
Le burnout est un syndrome. En d’autres termes, un burnout est un ensemble de symptômes qui apparaissent plus fréquemment en même temps. On parle généralement de trois symptômes principaux: épuisement émotionnel, baisse des performances et dépersonnalisation. On entend par cette dernière, de manière très générale, une distance mentale et une attitude négative envers les autres. Le syndrome de burnout n’est pas une maladie diagnostiquée, mais il comporte le risque de souffrir d’un trouble psychique – par exemple d’une dépression. D’un point de vue scientifique, il est en outre intéressant de noter que l’on ne parle de burnout que dans le contexte du travail, ce syndrome ne touchant donc «que» les personnes actives.
«Les personnes qui souffrent d’un burnout – et qui sont donc ‹brûlées de l’intérieur› – ont au départ ‹brûlé pour quelque chose›.»
Quelles sont les raisons pour lesquelles une personne souffre d’un burnout?
Dans la plupart des cas, il s’agit d’un processus lent. Les personnes qui souffrent d’un burnout – et qui sont donc «brûlées de l’intérieur» – ont au départ «brûlé pour quelque chose». Cela signifie que dans une première phase, les personnes concernées font souvent preuve d’une productivité accrue et lient étroitement leur propre estime de soi à leur réussite professionnelle. Il s’ensuit une phase de stagnation au cours de laquelle elles se rendent compte que leurs propres performances sont limitées. Cela peut conduire à une frustration que l’on essaie de compenser par encore plus d’efforts – il en résulte une situation de stress chronique. Comme toute l’énergie est désormais investie dans le travail, l’engagement en dehors du travail diminue. Il s’ensuit à un moment donné une phase de résignation, au cours de laquelle des symptômes physiques se font souvent sentir. Il peut s’agir par exemple de problèmes de sommeil, de palpitations cardiaques ou de variations de poids. La plupart du temps, les principaux symptômes mentionnés ci-dessus n’apparaissent qu’à ce stade: énorme épuisement émotionnel, distanciation des autres personnes et diminution des performances.
Certains groupes ou fonctions professionnels sont-ils particulièrement concernés?
Que ce soit sur un chantier ou au bureau, le burnout n’est en principe lié ni à un secteur d’activité particulier, ni à un âge particulier, ni encore à une fonction professionnelle spécifique. Toutefois, on constate une tendance selon laquelle les cadres moyens et les indépendants sont plus susceptibles d’être atteints d’un burnout. Pour le premier groupe, la raison principale réside dans le fait que ces personnes doivent faire face à une grande pression, étant donné qu’elles sont confrontées à des exigences accrues venant aussi bien «d’en haut» que «d’en bas». Ceci peut déclencher un stress chronique conduisant au final à un burnout. Les travailleurs indépendants présentent également un risque accru, étant donné qu’ils doivent assumer une multitude de responsabilités et que leur propre personne est très étroitement liée à l’entreprise.
Quelles mesures permettent de prévenir le stress chronique et donc un burnout?
Le stress n’est pas négatif en soi puisqu’il peut nous pousser à donner le meilleur de nous-mêmes. Ce n’est que lorsqu’une personne ne parvient plus à évacuer le stress que la situation devient dangereuse. Le stress ne représente alors plus un défi mais il n’est plus qu’une charge que l’on n’arrive plus à surmonter avec ses propres ressources et qui conduit à un sentiment d’absence de perspective. Une gestion positive du stress est d’autant plus importante. Il s’agit de méthodes qui aident à minimiser le stress évitable et à gérer le stress inévitable de manière positive. Cela exige des stratégies mentales comme une restructuration cognitive ou la transformation de son propre état d’esprit face au stress. De plus, il s’agit d’identifier les facteurs de stress accablants et d’apprendre à les gérer «sainement». Les moyens pour y parvenir sont par exemple des délais et des objectifs réalistes, la fixation de priorités et l’échange social, tant dans l’entreprise que dans la sphère privée. Les indépendants, pour lesquels le soutien social au sein de l’entreprise fait parfois défaut, doivent d’autant plus trouver des interactions sociales positives dans leur environnement privé. D’autres stratégies de gestion du stress consistent à pratiquer des activités sportives ou créatives. La méditation, les cours d’entraînement de pleine conscience ou le simple fait de regarder un film peuvent également aider à libérer les émotions et donc à réduire le stress intérieur.
Que faire si je souffre d’un burnout – où puis-je trouver de l’aide?
Dans le cadre de la gestion de la santé dans l’entreprise (GSE), les grandes entreprises disposent généralement d’un service d’assistance interne auquel les collaborateurs peuvent s’adresser. En l’absence d’un tel service, les entreprises ou les directeurs peuvent proposer à leurs collaborateurs un service d’assistance externe pour une première consultation anonyme, par le biais de services spécialisés tels que l’AEH. Les organisations telles que «La Main Tendue» sont ouvertes à tous et accessibles à tout moment. La Main Tendue assiste les personnes en situation difficile par téléphone au numéro d’aide d’urgence 143 ainsi que par e-mail ou par chat (www.143.ch). Si une personne constate des signes de burnout chez elle, il est important qu’elle s’adresse à l’un des services mentionnés. Un premier entretien permet de prendre des mesures pour lutter contre le burnout et pour retrouver le plus rapidement possible un quotidien professionnel sain.
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez transmettre aux personnes concernées?
Bien que les personnes concernées aient souvent le sentiment contraire, le burnout n’est pas quelque chose dont on doit avoir honte et n’a rien à voir avec un échec personnel. De plus, il n’est jamais trop tard pour entreprendre quelque chose contre un burnout – on n’est pas perdu. Il existe une aide professionnelle à laquelle on peut et on devrait absolument faire appel si l’on ne parvient plus à gérer la situation.
La Baloise veut sensibiliser les entrepreneurs et les créateurs d’entreprise au thème du burnout et propose aux personnes intéressées – en collaboration avec AEH AG – de participer gratuitement à un webinaire le 15 septembre (en allemand) ou le 16 septembre (en français). Deux intervenantes spécialisées donneront aux participants, entre autres, un aperçu des caractéristiques de détection précoce du stress chronique et proposeront des stratégies concrètes pour une gestion du stress et un développement des ressources réussis. En outre, les entrepreneurs et les créateurs d’entreprise peuvent réserver un créneau d’une heure pour un coaching individuel. Au total, la Baloise propose dans le cadre de l’événement en ligne douze coachings individuels par jour d’événement. Les inscriptions et les informations sont disponibles sur baloise.ch/evenement-burnout