L'essentiel en 3 points:
  1. Évitez l’achat d’articles neufs. La fabrication d’objets neufs consomme des matières premières et de l’énergie à chaque étape: extraction, transformation, production, transport. Exit le réflexe du «neuf» pour éviter les pollutions liées.
  2. Prenez soin de vos objets. En prolongeant la durée de vie des objets, vous limitez leur impact sur les écosystèmes et réduisez les déchets envoyés en décharge ou incinérés, sources supplémentaires de pollution.
  3. Favorisez les échanges humains. Acheter d’occasion ou réparer chez un artisan local dynamise l’économie de proximité et renforce les liens sociaux. Une manière de développer des relations plus humaines et horizontales, et participer à la création d’une société plus solidaire et conviviale.

Opter pour l’achat d’objets neufs qui traversent la planète pour arriver dans votre boîte aux lettres, c’est générer de la pollution à toutes les étapes (extraction, production, transport, conditionnement, etc.). Jetez un objet au lieu de le réparer, et vous ajoutez du gaspillage à la pollution. Au niveau humain, vous fermez également les yeux sur les conditions souvent difficiles, voire insoutenables dans lesquelles femmes et hommes produisent gadgets et autres objets éphémères.

La seconde vie des objets

Difficile de donner tort aux personnes qui vous répondent qu’une partie des articles vendus dans nos commerces proviennent aussi d’Asie, et qu’acheter ici ou commander là-bas, c’est du pareil au même. Un partout, balle au centre ? Pas si vite, car des alternatives existent. La première est d’éviter autant que possible l’achat de neuf : optez pour le seconde main, la location ou le prêt. Si cela n’est pas envisageable, privilégiez les commerçants locaux : en plus de favoriser le lien social, ils peuvent vous renseigner sur l’origine et les conditions de fabrication des produits. Et si un objet se casse, pensez à le faire réparer par un artisan de votre région. Vous soutiendrez ainsi l’économie de proximité, tout en réduisant votre impact écologique.

RE_blog

Il est aujourd’hui urgent de remettre en question le modèle classique «produire, consommer, jeter» et de considérer nos objets non comme des propriétés uniques, mais comme des biens à partager. C’est le principe de «l’économie de l’usage» ou «du partage», qui inclut le prêt, le seconde main, la mutualisation ou encore la réparation.

© Romande Energie
Quelques bonnes adresses

Voici un tour d’horizon – non exhaustif – des initiatives en faveur d’une économie plus soutenable :

LOCATION, PRÊT OU MUTUALISATION

LIVRES, JEUX, SPORT, ETC.

  • Les traditionnelles bibliothèques et ludothèques restent des pionnières en matière de prêt et de partage ;
  • De nombreux magasins de sport proposent de louer le matériel. La Ville de Lausanne a également déployé dans l’espace public un réseau de casiers connectés en libre-service, permettant d’emprunter gratuitement du matériel de sport.

OBJETS

  • La Manivelle fonctionne comme une bibliothèque, mais elle prête des objets. Le catalogue va des outils de bricolage aux ustensiles de cuisine, en passant par les équipement de camping ou de sport ;
  • Pumpipumpe encourage le partage d'objets du quotidien entre voisins. Il vous suffit d’apposer des autocollants sur votre boîte aux lettres pour indiquer les articles que vous êtes disposé à prêter ;
  • Sharely facilite la location d’objets, comme des outils, des équipements ou des vélos électriques.

ESPACES DE TRAVAIL

  • Gotham est un réseau d’espaces de coworking : bureaux privés, espaces partagés et salles de réunion, conçus pour stimuler la collaboration et la créativité ;
  • Cospire est un espace de coworking à Lausanne qui a la particularité de disposer d'un studio de podcast, offrant aux créateurs de contenu un environnement dédié pour leurs enregistrements.

INITIATIVE COMMUNALE

  • La plateforme de la Région de Nyon  donne une seconde vie aux objets professionnels de nos communes. Cette bourse d’échange en ligne propose de la location ou de la vente, mais aussi du prêt, des dons ou encore des échanges.

MOBILITÉ

  • On ne présente plus Mobility, principal service d'autopartage en Suisse, avec ses quelque 3'000 voitures réparties sur 1'500 emplacements à travers le pays ;
  • L'Association transports et environnement (ATE) promeut l'autopartage et le covoiturage et propose des contrats-types pour l'usage commun de véhicules ; 
  • SuisseEnergie répertorie en temps réel et via une carte interactive les offres de mobilité partagée proches de chez vous.

SECONDE-MAIN

VÊTEMENTS, OBJETS, ETC.

MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION

  • À l’arrière de la Halle 18 de Beaulieu (Bergières, Lausanne), la nouvelle Ressourcerie Matériuum a ouvert ses portes en novembre 2024. L’espace de 800 m² est dédié au réemploi de matériaux de construction, tels que charpentes, fenêtres et parquets.

RÉPARATION ET RÉUTILISATION

  • Comment ne pas mentionner « La Bonne combine », qui répare vos objets depuis plus de 40 ans ? À noter qu’une garantie de 6 mois est donnée sur les pièces remplacées ;
  • La Fédération romande des consommateurs (FRC) importait en 2013 déjà le concept des Repair Cafés en Suisse et depuis, elle a développé un kit destiné à se lancer et à faciliter le travail des personnes qui souhaitent organiser un rendez-vous de ce type ;
  • Trouvez toutes les bonnes adresses autour de chez vous pour donner une 2e vie à vos objets, avec ces deux plateformes initiées par la Ville de Lausanne qui facilitent la réparation et la réutilisation.

«Lorsque je prends soins de mes objets, je prends soin de nos Vies»

RE_tem

Il y a 16 ans, Lucien Willemin prenait une décision radicale: quitter ses activités lucratives pour se consacrer au Vivant. Depuis, il s’attèle à sensibiliser le grand public sur les réalités écologiques. Il est l’auteur de quatre livres et donne des conférences dans toute la Suisse romande. Quelques questions à celui qui croit à l’importance de l’intelligence du cœur.

© Romande Energie

Il y a 16 ans, alors que vous gagniez bien votre Vie, vous décidez de tout arrêter pour vous consacrer à la sensibilisation écologique. Que s’est-il passé?

J’ai lâché l’ego et le cérébral pour redescendre dans le cœur. Depuis petit, j’ai cette sensibilité à la nature et la sensation qu’il n’y a rien de plus noble que de prendre soin de la Vie. Adulte, j’ai occupé des postes à responsabilités, dans le milieu bancaire puis horloger où j’étais directeur des achats. Lors de voyages d’affaires en Asie, j’ai visité ces usines où des milliers de personnes travaillaient, et j’ai compris ce que signifiait vraiment « fabriquer nos objets à l’autre bout de la planète ». J’ai alors quitté ce domaine pour créer une société immobilière. C’est là que j’ai découvert l’énergie grise, une révélation. C’est la pièce de puzzle qui me manquait pour voir l’entier de l’image, comprendre et élargir mon champ de vision.

Vous dites que pour se mettre en marche sur le chemin de la transition, il faut décider avec le cœur plutôt qu’avec le porte-monnaie, et se réapproprier la réflexion. Expliquez-nous?

L’écologie, c’est prendre soin de la Vie : la vôtre, la mienne, celles de nos enfants. Se moquer d’un écologiste, c’est se moquer de quelqu’un qui tente de prendre soin de la Vie. On ne peut pas se dérober : nous sommes toutes et tous sur le même vaisseau intersidéral, la Terre. Nous avons donc avantage à adopter des gestes qui vont dans le sens de l’écologie. Pour cela, il faut sortir du mental, de l’intelligence froide, pour descendre dans le cœur. Écologie est un terme relativement conceptuel, alors que « prendre soin de la Vie » peut être ressenti intérieurement, et ça change beaucoup de chose. Cette compréhension est essentielle, elle éveille l’empathie pour le Vivant. Pour prendre vraiment soin de nos enfants, il s’agit de prendre soin du global, donc pratiquer l’écologie. Le reste n’est qu’illusion. La Vie se retire de notre planète. Le seul moyen d’inverser cette tendance, c’est de sortir de l’emballement, moins consommer et moins fabriquer. Pour y parvenir sans douleur, il s’agit d’opérer une croissance intérieure pour permettre une décroissance extérieure.

Vous êtes engagé depuis le début sur la question de l’énergie grise. Vous lui avez consacré un livre, donné des conférences sur la question, tenté de la faire rentrer en politique en suggérant une «consigne énergie-grise (CEG)», dont l’objectif était de favoriser la réparation de nos objets. Où en êtes-vous avec cette sensibilisation?

Je vais être honnête : j’ai l’impression de radoter avec ce sujet de l’énergie grise, aussi important soit-il. J’en parle depuis bientôt 30 ans. Si les consciences s’éveillent sur cette « énergie cachée » nécessaire pour produire nos objets, elle reste absente des programmes politiques, centrés sur la baisse des émissions de CO2 à l’intérieur de nos frontières. Or, pour diminuer le CO2 chez nous, on génère de fortes pollutions chimiques ailleurs. Fabriquer un objet implique des filières chimiques qui rejettent des substances toxiques dans l’air, l’eau et les sols. Plus on fabrique, plus on rejette de substances toxiques pour la Vie, et plus un objet est complexe, plus la filière chimique est imposante. Prenons l’exemple de la voiture, que j’évoque dans le livre « Halte au gaspillage automobile ». Avec ses 180'000 composants en moyenne, sa fabrication mobilise des processus industriels très polluants. Et, contrairement au CO₂, ces dommages-là ne sont pas compensables à l’utilisation. Peu importe les kilomètres parcourus avec la même voiture, rien ne pourra restaurer les écosystèmes détruits ou la biodiversité empoisonnée à sa fabrication. C’est pourquoi il est crucial de prendre soin de nos objets et de les faire durer, plutôt que d’en changer régulièrement.

Quelles attitudes ou réflexions aident à ce changement du cœur dont vous parlez?

Quand on comprend que l’écologie, c’est prendre soin de la Vie et que fabriquer un objet l’abîme, alors on saisit l’essentiel : en prenant soin de mes objets, je prends soin de nos Vies à toutes et à tous. Je prends conscience de la réelle valeur d’un objet, il devient alors précieux. Dès lors, je vais limiter mes achats, privilégier le seconde main, et réparer mes objets abîmés. Ce qui est chouette avec cette compréhension, c’est de réaliser qu’un réparateur prend soin de nos Vies. Ce métier est alors valorisé, et cela ouvre d’autres perspectives et appréciations professionnelles. Cette reconsidération est bonne et importante pour notre futur.

Disclaimer

En tant que source d'information, le blog de Romande Energie offre une diversité d'opinions sur des thèmes énergétiques variés. Rédigés en partie par des indépendants, les articles publiés ne représentent pas nécessairement la position de l'entreprise. Notre objectif consiste à diffuser des informations de natures différentes pour encourager une réflexion approfondie et promouvoir un dialogue ouvert au sein de notre communauté.

 

Rédigé par Joëlle Loretan - Rédactrice indépendante

Joelle loretan

A PROPOS DE CE BLOG

Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.

Autres articles de ce blog