A l’accent, pas de doutes sur les origines de Yann Lamarche. En 2022, le Québécois a enjambé l’Atlantique pour venir s’installer en Suisse. Par amour d’abord pour sa femme suissesse avec qui il a deux enfants. Puis, avec une idée folle. Celle d’inaugurer la filière d’Emovi – entreprise canadienne qui l’emploie et active dans le développement d'exosquelettes pour le genou. Yann Lamarche flaire de suite le potentiel de la Suisse: «Le secteur des technologies médicales est extrêmement bien implanté. Il y a des besoins, de la demande et du savoir-faire. En arrivant, j’ai évalué toutes les opportunités et pour une petite entreprise dans la haute technologie comme la nôtre, il était important de développer une présence en Suisse pour nous permettre de vendre à l’international.»

Yann Lamarche a eu fin nez: «J'ai découvert en Suisse un secteur de la santé décentralisé. C’était très positif pour notre entreprise, car nous pouvions être capables de traiter de gré à gré entre les différents systèmes hospitaliers. Il y a aussi en Suisse une facilité plus grande à travailler avec des entreprises innovantes.» La Suisse et le Québec ont beau partager la même langue, les codes de l’entrepreneuriat restent différents: «Au Québec, nous avons une vision très nord-américaine dans les affaires. J’ai dû apprendre à apprivoiser cette touche européenne. Et puis, ce qui me frappe toujours en Suisse, c’est la possibilité de parcourir 30 kilomètres et de négocier soudainement avec des personnes d’une autre langue et d’une autre culture.» Domicilié dans le canton de Berne, Yann Lamarche le sait, il va devoir se mettre au suisse-allemand: «Je ne le maîtrise pas du tout, mais à 40 ans, il n’est pas trop tard.»
«La Suisse et le Québec ont beau partager la même langue, les codes de l’entrepreneuriat restent différents»

Un multiculturalisme qui profite aux affaires: «En Suisse, on a cette habitude de pouvoir travailler avec de gens de différentes cultures, commente Yann Lamarche. Pour ma part, je suis arrivé avec beaucoup d'humilité. Je n’avais jamais fait d'affaires en Europe. J’ai dû donc apprendre les approches différentes pour entrer en relation avec des partenaires et communiquer sur mon entreprise. J’ai dû sortir de ma zone de confort et me débarrasser de mes habitudes nord-américaines. Ça se passe bien. Et honnêtement, j’ai vécu des expériences bien plus difficiles dans d’autres pays européens.»

Yann Lamarche se laisse encore quelques mois avant d’inaugurer sa filiale à l’automne prochain: «Ca me laisse un petit peu de temps pour travailler mon accent», blague-t-il. Car en seulement deux ans, le Québécois se sent «comme un Suisse d’adoption. La Suisse est un pays génial en termes de qualité de vie et de business. Aucune raison donc de retourner un jour au Québec. J’y vais pour les vacances, mais je l’avoue, j’ai toujours hâte de revenir en Suisse.»

 
 

Cette série de podcasts «L'écho des entrepreneurs» vous est présentée par le service du soutien à la création d'entreprise du Centre Patronal.