La pollution des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le monde dépasse celle de l’aviation civile. Un constat relayé depuis 2017 au moins. «Si on ne fait rien, le secteur des TIC va consommer 20% de toute l’énergie mondiale en 2025», remarque Pascal Felber, professeur en informatique collaborant au projet européen d’efficience numérique LEGaTO.
Preuve que la question des «éco-TIC» devient brûlante, Elon Musk a suspendu début mai l’achat des Tesla en cryptomonnaie, jugée trop énergivore. A notre échelle, les SIG à Genève sont devenus fin 2020 la première entreprise suisse à obtenir le label Numérique Responsable (NR).
Début de prise de conscience
La sensibilisation face à l’impact des TIC sur l’environnement fait son chemin. Ce d’autant plus que le covid a accéléré la digitalisation. Chez VNV, société d’informatique qui gère l’un des centres de données les plus écologiques de Suisse, on se réjouit de ce début de prise de conscience. «Depuis deux ans, 30% de notre clientèle se tourne vers nos services parce qu’elle est sensible à la question environnementale», relève Mikaël Zennaro, codirecteur de VNV, à La Chaux-de-Fonds.
Il énumère les bonnes pratiques pour opérer une transition vers le numérique responsable. «Travailler en local le plus possible avec de la fibre optique qui a un faible impact énergétique en comparaison avec la 5G, faire durer son parc informatique et, si l’on doit changer son hardware, choisir au minimum les normes EPEAT (Electronic Product Environmental Assessment Tool). Enfin, confier ses données à des data centers en Suisse qui respectent l’environnement.»
Même préoccupation chez ARC Logiciels à Yverdon. «La facture énergétique peut être réduite grâce à la mutualisation de l’hébergement. Au lieu d’avoir 50 serveurs chez différents clients, les PME peuvent être hébergées dans un cloud mutualisé et n’utiliser qu’un seul serveur situé dans un environnement moins énergivore», souligne Yves Neuenschwander, directeur d’ARC Logiciels. Une pratique également recommandée par une étude récente de l’Office fédéral de l’environnement.
Autre piste: demandez à votre fournisseur informatique comment il recycle le matériel IT. Sachant que 80% du coût énergétique d’un ordinateur se fait au moment de sa fabrication, le prolonger ou le recycler a du sens. «Le vieux matériel informatique est démonté et récolté par Swico Recycling. Quant aux ordinateurs des collaborateurs encore utilisables mais hors garantie, nous les reformatons et les envoyons dans une école au Burkina Faso», signale ARC Logiciels.
Avoir un environnement IT durable, c’est aussi ne pas changer ses logiciels mais plutôt les connecter ensemble. C’est ce que propose Spiderbus. «Ce passe-partout permet de garder les logiciels métiers spécifiques aux PME, explique Yves Neuenschwander. On les connecte à des technologies nouvelles ou de l’IoT, sans devoir renouveler tout le software.»
Les conseils
• Choisir un hébergeur informatique responsable: VNV, Infomaniak, Brain Serve
• Nettoyer sa boîte e-mail avec Cleanfox, par exemple, qui repère les newsletters inutilisées
• Eviter les pièces jointes ou vidéos inutiles
• Réparer ses ordinateurs
• Faire un bilan numérique avec Canope.net
• Tester les moteurs de recherche Ecosia ou Lilo, qui financent des projets environnementaux