Pour ceux qui s’imaginent que la vie des scouts se résume à dormir sous tente et à chanter des chansons bon enfant au coin du feu, il va falloir se mettre au goût du jour. Car avec 25 millions de francs de budget, le mova (ou camp fédéral du mouvement scout de Suisse) n’est rien de moins que l’un des plus grands événements open air de Suisse, au même titre que le Paléo Festival! Leur budget est d’ailleurs quasi équivalent. La manifestation, qui a lieu tous les quatorze ans, attend 35 000 scouts du 23 juillet au 6 août dans la vallée de Conches.

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«En 2008, notre budget était de 11 millions de francs. Nous avons très vite remarqué que cette fois cela ne suffirait pas», note Orlando Juen, coresponsable financier. Près de 70% de l’enveloppe financière est affectée à l’infrastructure. Le camp scout comptera notamment un centre de radiocommunication en lien avec la Station spatiale internationale (ISS), une boulangerie solaire, une gigantesque «escape tente» ou encore une cuisine dans les arbres. De quoi accueillir le public et des invités de marque du monde politique et économique, de Suisse et de l’étranger.

Des connexions dans tous les domaines

«Je pensais que le budget de Paléo était beaucoup plus important, s’étonne Seraina Schwizer, nom de totem Kolibri, CEO du mova et architecte à Zurich. La moitié du budget provient des participants eux-mêmes, à savoir 450 francs par enfant. Le reste, des sponsors et des donateurs. Ce qui est fou, c’est que notre budget aurait atteint 50 millions de francs si on avait dû payer tous les bénévoles. Beaucoup sont des experts dans leur branche et ils s’impliquent gratuitement dans l’organisation de ce grand rassemblement.» Là se trouve sans doute la force de ce mouvement né en 1910 pour les garçons et 1911 pour les filles.

Pouvoir compter sur un réseau de compétences est une nécessité pour réaliser, par exemple, une tour radio permettant de communiquer avec l’ISS. «Nous avons des connexions dans presque tous les domaines. Pour le groupe radio, certains étaient déjà en lien avec l’ISS. Comme le mouvement scout est mondial, on trouve toujours un scout qui a la compétence recherchée», ajoute la CEO. Pour la mise en œuvre, des partenariats se sont tissés avec des entreprises de construction comme Etavis et Holzbau Schweiz.

Même mode opératoire pour l’équipe environnement et durabilité impliquée tant dans la logistique que l’alimentation et l’infrastructure globale. Pour certains, c’est l’occasion de rendre publiques et visibles des innovations telles qu’une boulangerie solaire. «Pour moi, c’est la meilleure formation, explique Seraina Schwizer. J’ai étudié à l’ETHZ et à l’EPFL, mais c’est en participant à des projets scouts que j’ai appris à gérer une séance, à motiver une équipe, à parler devant 1000 personnes et à susciter de l’engagement autour de moi.»

Les anciens membres, business angels

Etre scout semble donc toujours fonctionner comme un sésame pour instaurer un lien de confiance mutuelle, une carte de visite utile. «Il faut parfois traduire ce que cela veut dire, car être coresponsable d’un camp fédéral, cela signifie concrètement être CEO d’une entreprise de 600 bénévoles avec un budget de 25 millions, précise Seraina Schwizer. On s’est battus pour rassembler cet argent et offrir des activités de qualité, qui font sens. Le gros avantage est qu’on bénéficie d’une image très positive auprès des sponsors, ce qui est le travail de plusieurs générations de scouts.»

Les anciens membres fonctionnent d’ailleurs un peu comme des business angels. D’une part par des dons directs d’argent, mais aussi par des contacts dans leurs propres réseaux, auprès de fondations et d’entreprises. «Notre mouvement a une force plus grande que bien des clubs business. Certains, à l’image du Lions Club, sont d’ailleurs nos partenaires», conclut la CEO.