Voici, ci-dessus, une introduction proposée par le logiciel Jasper. Il a suffi d’entrer quelques mots clés ainsi que son secteur d’activité pour voir apparaître, dix secondes plus tard, une introduction qui tient la route. Là où tout se complique, c’est sur la suite du texte. L’intelligence artificielle (IA) se répète continuellement. Ce qui donne l’impression de tourner en rond dans un article.
Des outils puissants, mais à nourrir
Qu’en disent les pros de la communication? «J’ai été impressionnée par la puissance de proposition de ces outils, mais il faut les nourrir. Ils nécessitent d’avoir une réflexion stratégique en amont, sur la cible, le message, le contexte et la tonalité du texte recherché», relève Caroline Plachta, chargée d’enseignement à l’Université de Neuchâtel et consultante en communication auprès d’entreprises.
Nous avons testé Jasper.ia et Markcopy.ia. Les interfaces proposent d’abord de sélectionner le type d’articles souhaités (blog, réseaux sociaux, newsletter, e-mail, site web, description de fiche produit, tableaux, Google Ads…), puis votre champ d’activité, quelques thématiques et parfois la zone géographique. Une fois la grille de critères remplie, une introduction est générée. Vous êtes libre de l’allonger en un clic ou de modifier des passages à l’intérieur du texte.
Ces outils vantent un gain de temps de facteur 10 - il faut 10 secondes pour une introduction de 400 signes. En une minute, vous aurez un article de blog de 2400 signes qui nécessitera des adaptations. Il existe d’ailleurs des dizaines de logiciels d’écriture IA. GPT-3, développé en open source par OpenAI, est le langage de référence servant à la plupart de ces softs. Concrètement, l’IA est aujourd’hui capable d’écrire un texte cohérent, quasi sans fautes, sur des thématiques grand public.
Un bon assistant, mais assez coûteux
Quelles sont les forces et les faiblesses de tels dispositifs? «C’est un bon assistant; assez coûteux. On peut faire équipe avec l’IA, mais on ne peut pas reprendre ses textes tels quels. Elle connaît et emploie toutes les techniques classiques du copywriting. L’IA ne laisse cependant pas la place à la fantaisie, même si l’on peut varier la tonalité entre sérieux et humour, par exemple», relève Caroline Plachta. Répétitions, absence de citations, problème avec les accents, lourdeurs et ton impersonnel restent à améliorer. Pourtant, en théorie, le robot est capable de générer un poème. On vous laisse tester.
«Il est bon dans les titres percutants et la création de sommaires, apprécie la passionnée d’écriture. Il amène aussi de nouvelles idées. C’est un guide intéressant pour quelqu’un qui peine à introduire un sujet.» En revanche, pour des textes longs et spécifiques, le gain de temps promis n’est pas au rendez-vous. C’est là sans doute la limite de cet outil plutôt destiné, à l’heure actuelle, à alimenter le web ou à prémâcher le travail des rédacteurs de contenu.
Pour comprendre, il faut connaître le fonctionnement de ces interfaces rédactionnelles. Pour produire du texte, le robot va rechercher dans le web. Le contenu rédactionnel publié par vos concurrents les mieux répertoriés sur Google est analysé, mais pas vérifié (!), pour y extraire des mots clés. Il est ensuite intégralement retravaillé, afin d’en développer une version unique et optimisée pour les moteurs de recherche (SEO).
Le contenu bénéficie ainsi d’un excellent référencement SEO. En effet, qui de mieux qu’un algorithme pour séduire Google? Attention toutefois: les entreprises cherchent également à trouver un écho et de l’engagement auprès de vraies personnes. Une phrase d’un rédacteur IA illustre bien le risque de faux pas: «Des modèles de chaussures pour hommes, femmes et enfants qui sauront combler tous les détenteurs de pieds.» Avis aux humains qui ont des pieds!
A noter encore
- 40 à 100 francs Le tarif, par mois, pour un tel logiciel, la différence de prix variant en fonction du nombre de mots utilisés par l’IA.
- D’autres IA DoBrief (rédaction SEO), Rytr (30 langues disponibles), Copysmith (orienté produits), Kafkai, Ocoya, WriterZen, SmartWriter, QuillBot.