Comme on est toujours le con ou la conne de quelqu’un au boulot, autant savoir à quel type on appartient, non? Petite précision: il va de soi que tout ce texte peut (et doit) également être accordé au féminin. Car s’il y a un truc bien partagé dans le monde, en tout cas mieux que les richesses, c’est la connerie. Mais en langage inclusif, ce ne serait pas lisible, alors on part du principe qu’un con peut aussi être une conne. On est parti!

Contenu Sponsorisé
 
 
 
 
 
 

Il y a le traditionnel vieux con, celui qui a vécu toutes les crises, qui répète «c’était mieux avant» et «on ne peut plus rien dire». Le vieux con retrouve une nouvelle jeunesse, si l’on ose dire, grâce à de nouvelles appellations comme «boomer» ou «réac». Sont classées dans cette catégorie les personnes qui ne sont pas emballées par l’écriture inclusive (suivez mon regard), ni par les méthodes de management modernes. Le vieux con a tendance à parler souvent de sa (pré)retraite, car il sait qu’il sera une variable d’ajustement au prochain plan d’économies.

Il y a le gros con. Relou dans ses gestes et dans ses propos, on n’entend que lui dans l’open space. En visio, il vous pourrit le tchat avec ses remarques et ses smileys, demande systématiquement la parole pour se faire bien voir et profère systématiquement une ânerie et jamais une solution. Il n’est généralement pas très MeToo-compatible, il croit être drôle mais en fait pas, il peut être harcelant, donc à fuir lors des soirées de boîte, car avec quelques verres, ça ne s’arrange pas. Il n’a aucune lucidité sur lui-même, persuadé d’être au sommet du cool.

Il y a le sale con. Chez lui, inversement, tout est volontaire, c’est un vrai méchant. Prêt à vous écraser sur le passage piéton si vous postulez à une fonction qu’il convoite. Il vous humilie en public, fait faire le boulot par les autres, s’approprie les bonnes idées. Fort avec les faibles mais faible avec les forts. Il sait que les gens le détestent mais il s’en tape comme de son premier avertissement, parce qu’il obtient des augmentations de salaire à force de gueuler, alors que vous stagnez en bossant comme un taré et en respectant la charte de bienveillance. C’est une personne qualifiée aujourd’hui de «toxique» ou de «perverse narcissique» mais difficile à éradiquer, car elle a tout mis en place pour être ultra-protégée.

Il y a le pauvre con. Un peu bébête et parfois con comme un balai, ce qui n’est pas sympa pour nos amis les balais, qui rendent plus de services à l’entreprise que lui. Souvent pas très compétent, voire pas du tout, mais s’y croyant. Veule, il répète comme un mantra tout ce que dit la direction et il est toujours d’accord avec celui qui parle le plus fort. Si on lui demande de licencier, il licencie, et si on lui demandait de faire travailler des enfants la nuit, eh bien il le ferait sans poser de question. Le drame, c’est qu’il est très recherché pour les postes de management intermédiaire grâce à son obéissance, pardon: sa «loyauté». Mais dès qu’on lui met une casquette de petit chef, c’est un désastre humain et professionnel.

Il y a aussi le petit con. Un terme presque affectueux. Il est malin et trouve le moyen de profiter de tout. En fait, il «optimise». C’est le virtuose de la note de frais, le pro du télétravail et de la glande qui ne se voit pas trop, la personne qui sait se mettre dans les bons plans. Si ça se trouve, il a du talent, ce qui vient compenser: «Oui, on sait comment il est, mais il est brillant quand même.» Bref, au fond, on l’aime bien, jusqu’au jour où il exagère.

Last but not least, un petit nouveau a fait son apparition: le con digital. II croit que le monde a commencé avec l’iPhone. Il surjoue le look à capuche de nerd pour bien montrer qu’il n’est pas de l’ancien monde. Il bosse avec des horaires de fonctionnaire, mais il se croit à la Silicon Valley, il dirige deux community managers et demi, mais sur son profil LinkedIn il est «Head of» toute l’unité numérique. Il récite le nouveau catéchisme avec la sainte trinité diversité-inclusion--bienveillance sans se rendre compte que lui-même n’est aucun des trois, et emploie à dessein un langage technique pour bien marquer la différence entre les initiés et les pauvres crétins qui ne le sont pas. Précision importante, il peut être vieux aussi, et dans ce cas il s’habille en jeune et parle comme eux. Wesh.

Alors voilà, identifiez-vous, il n’est pas interdit d’en cumuler plusieurs. Proposez ce petit quiz comme jeu lors d’une soirée et vous serez tout détendu pour attaquer une nouvelle année… à la con.