Elle vient d’être nommée parmi les 100 entreprises pionnières du numérique les plus prometteuses par le World Economic Forum (WEF). Il faut dire que l’entreprise Goodwall compte aujourd’hui plus de 2,5 millions d’utilisateurs répartis dans 150 pays. «Nos membres ont entre 15 et 26 ans et viennent principalement des pays du Sud global (dénomination désignant les pays non occidentaux, ndlr) même si nous avons aussi des utilisateurs basés aux Etats-Unis ou en Europe», explique Omar Bawa, cofondateur et COO de l’entreprise.

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La société a été officiellement lancée en 2014 mais l’idée germait depuis longtemps dans l’esprit d’Omar. «Nos deux parents travaillaient dans l’humanitaire: notre père a passé trente ans au Haut-Commissariat aux réfugiés, à voyager en Iran, en Irak et en Afghanistan, et notre mère était la première employée du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.» Enfants, les deux frères passaient leurs étés avec leur père dans les camps de réfugiés. «En voyant des enfants de notre âge dans des situations si difficiles, nous avons pris conscience de nos privilèges; c’est ce déclic qui nous a amenés à imaginer Goodwall.»

Basé à Genève, Goodwall compte une cinquantaine d’employés, répartis aux quatre coins du globe. La société est souvent comparée à trois applications très largement connues: LinkedIn, TikTok et Duolingo. De TikTok, on retrouve l’omniprésence de la vidéo. «C’est grâce au partage de vidéos et de photos que les jeunes peuvent montrer leurs compétences.» Chez Goodwall, on retrouve aussi la gamification de l’apprentissage, base du modèle Duolingo.

A la création du compte, l’utilisateur choisit plusieurs compétences à développer. Premiers secours, étude de marché, journalisme, programmation et plusieurs dizaines d’autres options sont disponibles. La progression dans l’apprentissage s’effectue par paliers, validés en participant à des défis. «Goodwall met la priorité sur le savoir-faire et non pas sur la connaissance académique. Les utilisateurs apprennent en faisant, et en voyant faire leurs pairs. Si l’application leur donne un retour sur leurs défis, ils s’évaluent avant tout grâce aux autres utilisateurs.»

Contacts avec le monde professionnel

L’aspect LinkedIn entre en jeu avec le concept de défis qui sont proposés par les entreprises partenaires de Goodwall. Ces challenges donnent ainsi l’opportunité aux jeunes utilisateurs d’entrer en contact avec des acteurs importants, à l’instar d’IBM ou du Groupe Pictet, mais aussi des institutions publiques, comme l’Unicef ou l’ONU, ou encore des organisations non lucratives, telles que l’Université de Genève ou la Fondation Botnar, une fondation philanthropique suisse.

«C’est un très bon modèle de partenariat, analyse Cyril Déléaval, coach en développement d’entreprise chez Genilem, à Genève. Les partenaires peuvent ainsi créer un engagement direct avec la jeune génération. Pour les candidats, au lieu d’être exposés à une marque via une publicité, le lancement d’un défi crée un lien plus fort et plus sincère.» Le développement de Goodwall est financé par ces partenariats. En 2018, l’entreprise a levé plus de 10 millions de dollars, avec comme principal investisseur le géant des services en ressources humaines Randstad.

«Avec l’émergence de l’intelligence artificielle, nous pensons, comme le WEF, que les individus se distingueront sur le marché de l’emploi grâce à leurs capacités, à leurs compétences, à leurs valeurs et à leur attitude, plus que grâce à leurs connaissances spécifiques.» Une idée partagée par Cyril Déléaval: «Bien que l’apprentissage par l’expérience existe depuis toujours, c’est une notion qui est plus que jamais valorisée aujourd’hui.»

A l’avenir, Goodwall vise à accroître son nombre d’utilisateurs et son impact. «D’ici à 2030, selon l’ONG Plan International, un milliard de jeunes arriveront sur le marché de l’emploi, dont 90% viendront d’un pays en voie de développement, avec un système éducatif peu développé. Il est urgent de développer les compétences de cette jeunesse.»