Le monde du travail évolue-t-il dans la mauvaise direction? C'est ce que l'on pourrait penser en lisant les derniers chiffres sur la santé mentale au travail. En Suisse, de plus en plus de travailleurs se disent stressés. Selon une enquête publiée par l'Office fédéral de la statistique, leur nombre a augmenté de 5% en dix ans. Ainsi, 23% des personnes interrogées dans notre pays se sentent stressées au travail.
Pour l'année 2022, 25% des femmes et 21% des hommes actifs ont indiqué qu'ils ressentaient «le plus souvent» ou «toujours» du stress sur leur lieu de travail. Chez les femmes, cela correspond à une augmentation de 8%, chez les hommes de 3% par rapport à 2012.
Un risque élevé de burn-out
C'est dans les secteurs de la santé et du social que le stress est le plus fréquent. 29% des personnes interrogées dans ces domaines ont déclaré être stressées. Une femme sur quatre travaillait dans ces branches. La part des femmes qui se sentaient épuisées émotionnellement au travail et qui étaient donc exposées à un risque plus élevé de burn-out est passée de 20% en 2012 à 25% en 2022.
Chez les hommes, la proportion correspondante est restée stable et s'élevait à 19% en 2022. Par rapport aux autres personnes actives, les personnes épuisées émotionnellement présentaient en outre nettement plus souvent des signes de dépression.
En 2022, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir subi des discriminations ou des violences au travail (21%). Chez ces derniers, ce chiffre s'élevait à 16% des personnes interrogées.
Les femmes sont plus souvent discriminées
Selon l'enquête sur la santé, cette différence s'explique principalement par la proportion nettement plus élevée de femmes qui ont été discriminées en raison de leur sexe au cours des douze mois précédant l'enquête: 8,4% des femmes ont déclaré avoir été discriminées en raison de leur sexe, contre 1,5% des hommes.
En outre, 1,7% des femmes interrogées ont indiqué avoir subi un harcèlement sexuel. Chez les femmes âgées de 15 à 29 ans, la proportion s'élève même à 4,1%. Chez les hommes, 0,4% l'ont déclaré. La part des femmes qui déclarent avoir été harcelées sexuellement a donc augmenté de 1,1% entre 2012 et 2022.
L'OFS a également analysé l'évolution de dix risques physiques et de neuf types de risques psychosociaux en l'espace de dix ans. En 2022, selon l'enquête, 47% des hommes et 43% des femmes étaient exposés à au moins trois des dix risques physiques potentiels examinés dans le cadre de leur travail. Chez les hommes, la proportion a donc légèrement diminué par rapport à 2012: à l'époque, 50% des hommes indiquaient être exposés à des risques physiques.
Une charge particulièrement importante dans les soins
Les seuls risques physiques qui, selon l'enquête de l'OFS, ont été plus souvent mentionnés par les femmes que par les hommes étaient les postures douloureuses et fatigantes ainsi que le fait de porter ou de déplacer des personnes. Ces contraintes étaient surtout fréquentes dans les soins ou la garde de jeunes enfants.
Dans l'agriculture et la construction, les risques physiques l'emportaient nettement sur les risques psychosociaux. Plus de 80% des personnes travaillant dans ces secteurs étaient confrontées à au moins trois risques physiques.
Dans les secteurs de la santé, de l'hôtellerie et de la restauration, du commerce et des transports, les risques psychosociaux étaient aussi fréquents que les risques physiques. Dans ces domaines, un peu plus de la moitié des personnes actives étaient concernées par au moins trois risques physiques ou au moins trois risques psychosociaux.
Les moins de 30 ans souffrent particulièrement
Dans les autres branches des services, les risques psychosociaux étaient plus fréquents que les risques physiques. C'est dans l'hôtellerie-restauration, la construction et la santé que la proportion d'actifs exposés à au moins trois risques physiques ou trois risques psychosociaux était la plus élevée.
Les personnes de moins de 30 ans étaient plus souvent confrontées à des risques physiques au travail que les travailleurs plus âgés. 61% des hommes de moins de 30 ans ont déclaré au moins trois risques physiques, contre 46% des 30 à 49 ans et 41% des 50 à 64 ans. Les jeunes femmes étaient plus souvent exposées à au moins trois risques psychosociaux que leurs aînées.
Les syndicats demandent des mesures globales
Que pensent les syndicats de ces résultats? «Ils montrent une augmentation inquiétante du stress et de l'épuisement émotionnel au travail, en particulier chez les femmes et dans certaines branches», écrit l'Union syndicale suisse (USS).
L’organisation demande des mesures globales pour l'amélioration des conditions de travail, la prévention et la reconnaissance des maladies professionnelles d'origine psychosociale. De plus, il faut «lutter contre le harcèlement sexuel et soutenir les travailleurs dans les professions à forte proportion de femmes».
Cet article est une adaptation d'une publication parue dans Handelszeitung, basée sur une dépêche ATS
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